Festival de Séville | Critique : Landscapes of Resistance

Nous rencontrons Sonja, une femme âgée avec un petit chat espiègle sur les genoux. Dans les années 40, Sonja fait partie des partisans et entre en résistance. Le documentaire entre dans ses souvenirs…

Landscapes of Resistance
Serbie, 2021
De Marta Popivoda

Durée : 1h35

Sortie : –

Note :

RÉSISTANCE NATURELLE

Des lieux absolument paisibles : un champs de fleurs, des coins ombragés de forêt, une jolie rivière. Mais les mots plaqués dessus, en voix-off, racontent les souvenirs encore vifs d’une période noire. La Serbe Marta Popivoda (lire notre entretien) est allée à la rencontre de Sonja, aujourd’hui très âgée, qui a été résistante et prisonnière politique durant la Seconde Guerre Mondiale. Elle égrène ses souvenirs : étudiante brillante mais aux convictions politiques alors jugées inconvenables, organisant la résistance avant d’être internée à Auschwitz. Elle est une mémoire précieuse à sauvegarder, offre un témoignage d’hier mais qui parle aussi d’aujourd’hui.

Sa mémoire, Sonja l’a littéralement tatouée dans la peau avec le numéro qu’elle a au bras. Si, désormais, ses mouvements sont lents pour remettre une barrette ou un peigne dans ses cheveux, ses souvenirs sont parfaitement nets. On ressent le passage du temps dans Landscapes of Resistance. La caméra s’attache à des détails : le papier-peint de la maison, un chat qui fait la sieste. Mais ce sont autant de marques du temps qui passe, lorsque le papier-peint se décolle un peu, lorsque le bébé chat du début du film grandit et se transforme en matou au fil des années.

Le temps est passé mais les croyances de Sonja n’ont pas fané. Sa voix fragile résonne suffisamment fort et l’effet produit par ces images de paysages, sans présence humaine, est plus puissant qu’une illustration. Il n’est guère besoin d’être un héros pour être partisan, mais il est nécessaire d’être partisan, entend-on dans le film. Popivoda, qui se définit comme artiste féministe, queer, anti-fasciste, suggère une convergence des luttes. Lorsqu’elle participe à une manifestation anti-fasciste à Berlin en 2018, que peut-elle retenir des mots de Sonja ? Il n’est pas question dans Landscapes of Resistance de comparer le destin de survivante de Sonja à l’engagement politique de Marta. Mais le film porte un espoir, avec la possibilité d’une résistance, hier comme aujourd’hui.


>> Landscapes of Resistance est visible en ligne dans le cadre de Cinéma du Réel le vendredi 12 mars 21h et le samedi 13 mars 13h

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par Nicolas Bardot

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