SISSY THAT WALK

Dans leur premier documentaire, Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray retracent la préparation de la première Marche des Fiertés à Saint-Denis, l’an passé. Le film, simple et concis (à peine plus d’une heure), raconte l’organisation très concrète d’un tel événement : réunions, collages d’affiches, prises de parole devant un public clairsemé… Les deux cinéastes se mettent entièrement au service de leur sujet, mais aussi de leurs protagonistes : quelques jeunes gens de 20 ans qui cumulent pour certains les discriminations en étant à la fois queer et racisés.

Le film et ses jeunes militants posent les bonnes questions : sur la nécessaire intersectionnalité, sur la dérive de l’homonationalisme, sur l’hétéronormativité. L’importance de cette parole donnée par les réalisateurs et prise par ces jeunes est confirmée le temps d’une scène assez édifiante, lors d’une interview à la radio. Cette séquence illustre avec pertinence les difficultés que peuvent rencontrer des personnes LGBTQI, concernées, lorsqu’elles doivent expliquer un tel projet à une personne hétérosexuelle.

Les jeunes de cette Première marche ont peut-être encore des peluches dans leur chambre, cela ne les empêche pas d’avoir la tête bien sur les épaules. Le long métrage parvient à dépeindre de manière vivante cette utopie en marche, et illustre encore et encore à quel point la pédagogie est indispensable. On n’oublie pas de ne pas trop se prendre au sérieux (comme lorsqu’on réfléchit à des punch lines telles que « Ça s’encule aussi dans le 93 »). Mais cette marche – comme le film – parvient à être aussi revendicative que politique, aussi chaleureuse que généreuse, portée par un espoir à la vitalité communicative.

>> La Première marche est à voir ce mardi 19 janvier à 20h30 dans le cadre de La Ving-Cinquième Heure. Cette séance virtuelle est accompagnée d’une rencontre avec les réalisateurs.

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