Critique : La Colline

C’est une colline au coeur du Kirghizistan, avec ses oiseaux noirs, ses fumées âcres et, de jour comme de nuit, des femmes, des hommes et quelques enfants. Une déchetterie. Il y a Alexandre, ancien sniper traumatisé et sa femme Lena qui vivent au milieu de ce chaos ; Tajikhan, le corps marqué par le travail et le coeur brisé par la mort de ses enfants ; Keyrat, son fils qui grimpe sur la colline de nuit et Djazira, lumineuse adolescente. Chacune, chacun, interroge sa vie.

La Colline
France, 2022
De Denis Gheerbrant et Lina Tsrimova

Durée : 1h17

Sortie : 12/04/2023

Note :

LA COLLINE DES HOMMES PERDUS

Dès son titre, le long métrage du Français Denis Gheerbrant et de la Russe Lina Tsrimova évoque une colline. Le documentaire fait preuve d’une pudeur poétique pour désigner ce qui est en fait une déchetterie : une montagne de détritus, quelque part au Kirghizistan, tandis que des gens vivent ou survivent autour. Gheerbrant et Tsrimova font le portrait de ce lieu, mais surtout de celles et ceux qui gravitent à proximité.

Certains parlent du massacre de Grozny, d’autres du travail aux kolkhozes. Certains ont du sang sur les mains, d’autres se demandent comment survivre. Les métaphores sont assez lisibles : des chiots et chiens abandonnés apparaissent sur la colline. Les restes sont déposés là, comme ces personnes totalement marginalisées – errant quelque part dans les limbes après des parcours de vie accidentés. Qu’est-ce que le pouvoir peut avoir à faire de ce qui se passe ici ?

Las, si les récits de La Colline sont évidemment édifiants, l’exécution de ce documentaire reste trop scolaire à nos yeux. Les entretiens sont mécaniquement entrecoupés par des moments d’observation. Le film, répétitif, ne semble pas vraiment avoir de point de vue. Il recueille les paroles, les transmet – c’est déjà louable. Mais à part un instant où les cinéastes filment un grand feu qui donne naissance à une étrange rivière dorée, La Colline échappe rarement aux pièges du documentaire un peu télévisuel qui se limite à son sujet.

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par Nicolas Bardot

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