Poursuivie par des fanatiques religieux pour avoir laissé s’échapper trois petits cochons de leur enclos, Maria se réfugie dans une maison qui semble réagir à ses émotions.
La Casa lobo
Chili, 2018
De Cristóbal León & Joaquín Cociña
Durée : 1h13
Sortie : 09/11/2022 (sur Mubi)
Note :
LOUP Y ES-TU ?
Ce pourrait être un conte de fées – il en a en tout cas les motifs (une innocente héroïne perdue, une maison dans les bois, un grand méchant loup) et surtout la noirceur. La Casa lobo s’ouvre par un tonitruant spot de propagande et l’on se demande ce que tant d’enthousiasme surligné peut bien cacher. Sans la nommer, le film s’inspire de la colonie Dignidad, refuge de nazis qui fut le théâtre entre autres de violences sexuelles infligées à des enfants. Par l’animation, La Casa lobo prend une distance avec cette violence insensée. Mais le sentiment de cauchemar reste dans ce film plongé dans l’imaginaire traumatique.
La Casa lobo frappe par ses surprenants choix d’animation. Les réalisateurs chiliens Cristóbal León et Joaquín Cociña mêlent stop-motion et peinture dans une image en mouvement constant : les silhouettes glissent sur les murs, les personnages en papier mâché se font et se défont, l’animation dégouline puis pourrit – on assiste à mille mutations aussi merveilleuses que monstrueuses dans ce carrousel qui ne s’arrête jamais. Comme une longue chute continue au cœur d’une maison hantée et dans laquelle l’héroïne s’évanouit.
La sensation de malaise curieux que fait naître cette maison du loup est unique – et parler ici d’un ovni n’a rien de galvaudé. Il y a ici une très belle laideur, une poésie noire comme rarement vue ailleurs. Ce premier film aussi fascinant qu’audacieux et étourdissant mérite, de la Berlinale à Annecy, tous les lauriers qui ont accompagné son beau parcours en festivals.
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par Nicolas Bardot