Sundance | Critique : Khartoum

Forcé.es de quitter le Soudan pour l’Afrique de l’Est après le début de la guerre, cinq citoyens de Khartoum (un fonctionnaire, une vendeuse de thé, un bénévole du comité de résistance et deux jeunes garçons collectionneurs de bouteilles) reconstituent leurs parcours à la recherche de la survie et de la liberté à travers les rêves, la révolution et la guerre civile.

Khartoum
Soudan, 2025
De Anas Saeed, Rawia Alhag, Ibrahim Snoopy, Timeea M Ahmed & Phil Cox

Durée : 1h18

Sortie : –

Note :

MAKING OF

Suite au coup d’état ayant renversé le gouvernement soudanais, la capitale Khartoum a été victime d’importantes attaques et destructions qui ont contraint plus de 10 millions de citoyens à fuir à travers le pays, souvent en direction du Kenya ou de l’Egypte. Présenté dans la compétition de documentaires internationaux du Festival de Sundance, Khartoum évoque la situation politique complexe du pays à l’aide de quelques cartons placés en introduction, immédiatement suivis d’une scène éminemment symbolique d’un chameau tournant en rond sans s’arrêter. Mais le documentaire se concentre très rapidement plutôt sur la dimension humaine de son sujet, en s’attachant à cinq personnes ayant traversé la frontière suite à ces événements.

Si ces personnes ont pu ramener quelques images personnelles directement de leurs parcours chaotiques, la majeure partie de Khartoum est composée d’images tournées après ceux-ci, constituées pour la majorité en studio au Kenya. Les cinq protagonistes (deux hommes, une femme et deux jeunes garçons) sont invité.es à évoquer leur traversée à travers des reconstitutions jouées avec d’autres actrices et acteurs, ou encore grâce à de l’animation, des effets spéciaux et projections sur fond vert. On assiste alors autant à ces récits finis qu’à leur mise en scène en train de se faire, comme si Khartoum incluait son propre making of. Les cinéastes (au nombre de quatre, trois hommes et une femme, basé.es au Soudan ou au Kenya) apparaissent d’ailleurs parfois directement à l’écran.

Le résultat possède une dimension ludique qui contraste fortement avec la gravité des faits. Bricolés avec candeur, certains collages numériques évoquent des images de synthèse d’une autre époque et dégagent une poésie parfois naïve, et donnent à l’ensemble un cœur gros-comme-ça de crowd-pleaser qui ne sera pas forcément au goût de tous les spectateurs, mais qui fait de Khartoum un album de souvenirs vivant et particulièrement accessible.

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par Gregory Coutaut

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