Julie, une star montante du tennis évoluant dans un club prestigieux, consacre toute sa vie à son sport. Lorsque l’entraîneur qui pourrait la propulser vers les sommets est suspendu soudainement et qu’une enquête est ouverte, tous les joueurs du club sont encouragés à partager leur histoire. Mais Julie décide de garder le silence.
Julie se tait
Belgique, 2024
De Leonardo Van Dijl
Durée : 1h37
Sortie : 29/01/2025
Note :
ELLE SE CONTRÔLE
Le contrôle de soi, Julie maîtrise. Après tout, cacher ses émotions et conserver un masque de concentration face à l’adversaire font partie de la technique au tennis, comme elle l’explique elle-même. Julie est membre d’un club pour adolescent.es, mais contrairement à certain.es de se camarades un peu dilettantes, Julie a le niveau pour devenir pro. C’est son objectif, et rien ne semble pouvoir la faire dévier du très grand sérieux avec lequel elle envisage sa carrière bientôt éclose.
Le récit débute avec le suicide d’une autre jeune membre du club, avec qui Julie partageait un coach. Les bruits de couloirs ne tardent pas à mettre plus qu’un point d’interrogation sur la responsabilité de ce dernier dans le drame. Tous les regards se tournent alors vers Julie : avait-elle remarqué quelque chose ? Est-elle elle-même victime de ce coach ? En tant qu’unique autre élève de ce dernier, Julie est potentiellement la seule à pouvoir éclaircir l’affaire. De bienveillantes, les questions deviennent alors lourdes de pression.
Telle la protagoniste de Comme si de rien n’était, Julie passe son temps à dire « pas de problème », s’accrochant à l’illusion qu’elle maitrise la situation. La filiation de Julie se tait serait pourtant moins à chercher du côté du cinéma germanophone radical que dans un cinéma belge tout en reliefs psychologiques. La manière qu’à Leonardo Van Dijl de doser avec justesse vraie tension et portrait humain incarné rappelle bien sûr les premiers films des frères Dardenne (ici producteurs), mais évoque aussi d’autres réussites belges plus contemporaines telles Un monde. Ici aussi, on sent poindre un orage permanent furieux sous des apparences paisibles et maitrisées.
Lisible sans jamais l’être trop, le scénario évite les dialogues trop explicatifs et, autre technique trop facile, les-silences-qui-en-disent-long. Outre son écriture efficace, Julie se tait se distingue aussi par sa discrète ambition visuelle. Le passage progressif de bureaux sombres à des extérieurs lumineux est certes un peu évident, mais son étonnant code couleur crème/beige, sa pellicule au grain parfois légèrement flou, son travail sonore tout en légers échos donnent à voir une vraie personnalité. La combinaison de ces différentes qualités font de ce premier film bilingue une réussite.
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par Gregory Coutaut