Festival de Rotterdam | Critique : John Lilly and the Earth Coincidence Control Office

À partir d’un éventail étonnant d’images et de sons d’archives, Courtney Stephens et Michael Almereyda explorent la vie et les idées de l’intrépide neuroscientifique John C. Lilly, dont les expérimentations sont à la fois utopiques et peu orthodoxes.

John Lilly and the Earth Coincidence Control Office
États-Unis, 2025
De Michael Almereyda & Courtney Stephens

Durée : 1h29

Sortie : –

Note :

L’IVRESSE DES PROFONDEURS

John Lilly a traversé pratiquement tout le XXe siècle. John Lilly est un scientifique, il est passionné par le cerveau, qu’il soit humain ou qu’il appartienne à un dauphin. John Lilly pourrait faire l’objet d’un documentaire parfaitement sérieux – à vrai dire, on ne doute pas que John Lilly and the Earth Coincidence Control Office soit fait sérieusement. Mais, assez vite, des images incongrues du jeu vidéo Ecco the Dolphin nous suggèrent qu’il y a peut-être quelque chose d’autre à raconter. C’est ce à quoi s’attelle le duo américain formé par Michael Almereyda et Courtney Stephens (dont on avait déjà pu voir l’an passé le très singulier Invention).

John Lilly est passionné par les cerveaux et les dauphins, soit. Son ambition est de craquer le code qui permettrait aux humains et aux dauphins de communiquer. Comme l’indique le scientifique lors d’archives télévisées : cela devrait arriver d’ici 10 à 20 ans. John Lilly and the Earth Coincidence Control Office ne remet pas en cause le fait que son protagoniste a pu être un scientifique sérieux et crédible, mais il s’intéresse plus particulièrement au moment où la réputation du respectable Lilly se met peu à peu à glisser. Scientifique ou gourou new age ? Les choses extravagantes sont dites d’un ton neutre et assuré, mais doit-on croire toutes ces expériences sous LSD ?

Une autre question se pose en regardant ce drôle de film : on a déjà vu de nombreuses fictions sur des savants fous, mais combien de documentaires ? John Lilly passe ainsi sous nos yeux médusés de chercheur dans ce que l’appellation peut avoir de conventionnelle et familière, à… comment le décrire ? Pour ce faire, Michael Almereyda et Courtney Stephens font appel à mille et une références de la culture populaire qui sont autant de reflets déformés de Lilly ou de ses recherches : L’Étrange Créature du lac noir, La Nuit des morts-vivants, Rosemary’s Baby, 2001, l’odyssée de l’espace, Alejandro Jodorowsky, Ken Russell et même l’oublié Johnny Mnemonic. Au-delà de la culture pop, John Lilly and the Earth Coincidence Control Office raconte comment nait une figure de la contre-culture.

John Lilly voulait « mettre ses mains sur le volant de la conscience », tandis que le long métrage semble précisément montrer quand son protagoniste a décidé de lâcher le volant. Alice-Lilly traverse le miroir et plonge dans son terrier. Alors que le film évoque les travaux de Carl Sagan dans le cosmos, que les dauphins sont perçus comme une mystérieuse race alien, que la NASA se retrouve impliquée, on dit de John Lilly que sa vie a débuté dans la science pour finir dans la science-fiction. Voilà également le chemin tout à fait à part que suit ce film aussi ludique que surprenant.

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par Nicolas Bardot

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