Festival de Bucheon | Critique : Indera

La voiture de Joe tombe en panne alors qu’il voyage sur une route isolée avec sa femme enceinte. Alors qu’il s’absente brièvement pour chercher de l’eau, sa femme est assassinée. Neuf ans plus tard, Joe élève seul leur fille, Sofia. Il obtient un emploi d’homme à tout faire et emménage dans une maison au fin fond des montagnes avec Sofia. 

Indera
Malaisie, 2024
De Woo Ming Jin

Durée : 1h44

Sortie : –

Note :

INDERA’S THE NAME

Dans son précédent long métrage, l’élégant Stone Turtle (prix Firpesci à Locarno en 2022), le cinéaste malaisien Woo Ming Jin filmait un récit quasi mythologique avec un réalisme étonnant. C’est presque la formule inverse qu’il utilise dans Indera, puisque c’est surtout la mise en image qui va venir superposer une dimension horrifique à ce récit paranoïaque. Le scénario est même directement ancré dans la réalité historique de la Malaisie puisqu’il prend pour toile de fond l’affaire Memali de 1985 : sous les ordres du vice-Premier ministre, 200 policiers ont assiégé un village où résidaient les 400 membres d’une secte islamique.

Il n’est pas indispensable pour suivre Indera d’être familier avec ces événements, car Woo Ming Jin les évoque surtout au second plan, il en fait le symbole des tensions entre autorités politiques et religieuses, entre modernité et tradition. A vrai dire, si l’on fait abstraction de la véracité de ces faits, le scénario d’Indera reste dans les archétypes classiques du film de fantôme. Suite au décès mystérieux de sa femme, un homme emménage avec sa fillette dans une maison louche, dans une forêt louche, où tout le monde est louche et où se trouve même un puits maudit qui aurait le pouvoir de résoudre les vœux les plus cher – c’est louche.

Présenté en première mondiale au Festival du Film Fantastique de Bucheon, ce train-train fantôme ne brille pas par son originalité narrative, et on peine à retrouver dans ces archétypes la trace du cinéaste-auteur dont les films précédents furent sélectionnés à Cannes ou Berlin. Reste le plaisir de voir ce parcours classique se dérouler dans un contexte culturel dépaysant, ce qui apporte d’emblée une certaine fraicheur. Mais c’est surtout sur le plan esthétique qu’Indera se démarque. Outre que le film ne met pas de guillemets autour des ses apparitions surnaturelles, la lumière léchée et les couleurs chatoyantes participent à rendre cette vignette si ce n’est mémorable, plutôt plaisante.

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par Gregory Coutaut

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