
Rose et sa fille Sofia se rendent dans la ville balnéaire espagnole d’Almería pour consulter le docteur Gomez, un médecin chamanique qui pourrait bien détenir le remède à la mystérieuse maladie de Rose, qui l’a laissée clouée à un fauteuil roulant. Mais dans l’atmosphère sulfureuse de cette ville ensoleillée, Sofia, qui a été piégée toute sa vie par la maladie de sa mère, commence enfin à se débarrasser de ses inhibitions, attirée par l’énigmatique baroudeuse Ingrid…

Hot Milk
Royaume-Uni, 2025
De Rebecca Lenkiewicz
Durée : 1h33
Sortie : 28/05/2025
Note :
PETIT LAIT
Mère et fille sont au bord de la mer mais rien autour d’elles ne ressemble à des vacances parfaites. Et ce n’est pas seulement parce que le chien de la maison concomitante à leur location n’arrête pas d’aboyer. Rose, en fauteuil roulant, a rendez-vous dans une clinique espagnole pour bénéficier d’un traitement expérimental et elle est venue accompagnée de Sofia, son aide-soignante, euh pardon sa fille. La confusion est compréhensible : Sofia n’est vue que comme une « éternelle étudiante » tandis que Rose refuse d’aborder le moindre sujet familial. Ni bonne ni mauvaise mère, elle ne ressemble tout simplement même pas à une mère, et c’est déjà un point de départ intrigant. Le scénario de Hot Milk ne tarde pas à lancer ainsi plus d’une piste incongrue, le plus souvent à coup de personnage secondaire (un médecin peut-être charlatan, une cowgirl bisexuelle) dont on ne sait s’il faut les prendre au sérieux.
C’est d’ailleurs une question récurrente que l’on se pose devant Hot Milk : quel point de vue la réalisatrice pose-t-elle sur la relation tordue de ses protagonistes, ou bien sur les archétypes d’amour de vacances qu’elle déploie dans une intrigue parallèle ? La question n’a pas de réponse évidente, et c’est hélas moins une richesse qu’un manque. L’origine de la frustration qui plane dessus de Hot Milk n’est pas à chercher du côté des interprètes ou de la direction artistique réussie. Elle se trouve plutôt dans une écriture qui a certes le mérite de pointer du doigt des zones d’aspérités mais qui ne récolte que superficialité. C’est un peu le comble pour un film de scénariste.
Il s’agit là en effet du premier long métrage de Rebecca Lenkiewicz, connue pour pour bon nombre de scénarios féministes, d’Ida a She Said en passant par Colette ou Désobéissance. Lenkiewicz adapte ici un roman de Deborah Levy mais commet une erreur commune à trop d’adaptations : se contenter de retranscrire une liste d’événements narratifs comme une liste d’étapes en omettant de s’occuper du principal – nous faire ressentir le vécu de chaque personnage. A défaut de ressentir, on se contenterait même de comprendre, tant les discussions décisions, actions, crises de nerfs, liaisons et séparations ont toutes quelque chose d’aléatoire qui laisse le spectateur à distance et penche beaucoup plus du côté de l’agacement profond que de l’énigme.
| Suivez Le Polyester sur Bluesky, Facebook et Instagram ! |
par Gregory Coutaut