Festival de Locarno | Critique : Holy Electrity

Lorsque le jeune Gonga et son cousin Bart trouvent une valise pleine de croix rouillées dans un dépôt de ferraille, Bart a l’idée d’en faire des crucifix en néon et de les vendre en porte-à-porte aux habitants crédules de Tbilissi. Leur croisade dans les banlieues de la ville devient une quête d’amour et d’amitié.

Holy Electricity
Géorgie, 2024
De Tato Kotetishvili

Durée : 1h35

Sortie : –

Note :

CROIX DE BOIS CROIX DE FER

« Que voit-on réellement lorsqu’on regarde le ciel ? », se demandait il y a deux ans le titre original du film géorgien Sous le ciel de Koutaïssi. Holy Electricity débute par un plan ensoleillé embrassant un immense et irrésistible ciel bleu géorgien qui s’avère en réalité se trouver… au dessus d’une décharge. Si le récit à venir ne manque pas d’ironie, elle ne sera jamais aussi mordante que dans ce plan d’ouverture cruel et risible. On ne peut pas dire que la vie sourie à Gonga, qui vient de perdre son père. Bart, un cousin plus âgé, accepte alors de le prendre sous son aile. Ce double récit d’apprentissage paternel pourrait donner lieu à mille et un clichés masculins tels que les films hollywoodiens en regorgent, mais le cinéaste Tato Kotetishvili a suffisamment d’humour pour faire débuter celui-ci dans un tas d’ordures abandonnées. Bien vu.

Pieds nickelés avides d’arnaquer leurs prochains, Gonga et Bart tombent en pleine décharge sur une valise contenant des crucifix lumineux. Ce n’est pas un miracle mais cela pourrait le devenir. C’est en tout cas un signe suffisant pour que les deux anti-héros se mettent à faire le tour du quartier à la recherche de gogos à qui refiler ces fausses reliques. Or, dans cette ville où les marchés débordent déjà de fanfreluches ringardes et de reliques débiles du passé, personne n’a vraiment la place pour une loupiote de plus, fût-elle miraculeuse.

Il y a un fort potentiel mordant dans les scènes de face-à-face entre ces arnaqueurs du dimanche et leurs victimes crédules. Or, avant qu’on n’ait vraiment le temps de trancher sur le réel point de vue que porte le cinéaste sur ses contemporains (la moquerie va-t-elle trop ou pas assez loin ?), le ton change et se fait plus chaleureux, plus tendre et pour tout dire plus mollasson. En ouvrant son cœur, Holy Eletricity menace de s’enfoncer dans une monotonie un peu artificielle. Là où le film garde en tout cas tout son relief, c’est dans sa dimension visuelle. Ancien chef opérateur, Tato Kotetishvili fait preuve d’un sens remarquable du décor et de la lumière qui valent le détour.

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par Gregory Coutaut

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