Festival de La Roche-sur-Yon | Critique : Here Before

De nouveaux voisins emménagent à côté de chez Laura. Leur fille Megan lui semble étrangement familière…

Here Before
Royaume-Uni, 2021
De Stacey Gregg

Durée : 1h23

Sortie : –

Note :

ICI-BAS

Le titre du premier long métrage de la Nord-Irlandaise Stacey Gregg laisse planer le doute : here before désigne t-il littéralement ce qui était là auparavant (comme la grand-mère qui occupait la maison avant l’arrivée de nouveaux voisins) ou traduit-il d’un étrange sentiment de déjà vu ? Dans ce drame psychologique aux accents de thriller, Gregg traite du deuil, du traumatisme, et du chemin que peut emprunter une douleur indicible. Il y a un défi narratif à nous faire avaler l’impossible dans cette sorte de cousin de poche de Birth, sur lequel plane une même hésitation surréelle à la Jean-Claude Carrière – un modèle qui parfois prend un peu trop de place.

Le décor est parfaitement quotidien : une maison mitoyenne dans une ville morose, des plats de poisson pané rehaussés par une touche de ketchup. Mais le quotidien se fissure assez vite dans Here Before, l’enthousiasme intense de Laura (incarnée par l’excellente Andrea Riseborough) est louche et la relation qu’elle noue avec la toute jeune voisine Megan installe une dynamique déséquilibrée. Le choix de cadrages laissant régulièrement de l’espace au-dessus des têtes des protagonistes semble suggérer une présence invisible, du moins une pensée qui les tourmente. Gregg utilise également des gros plans sur les visages, et ces changements d’échelle participent au vacillement psychologique raconté par le film.

L’élégante utilisation du montage va dans le même sens – le montage dans Here Before n’est pas seulement un moyen mais un véritable outil narratif. Un coup de théâtre assez outrancier (et qu’on ne dévoilera pas) parvient à faire dérailler le film sans le déséquilibrer. Celui-ci fait également dérailler cette notion selon laquelle le problème dans les films fantastiques vient de femmes folles. De manière plutôt délicate, l’écriture et la mise en scène de Gregg réussissent à marier le rationnel à l’irrationnel. La cinéaste explique sans être trop explicative, et la résolution n’annule pas les doutes explorés par ce film ardent et troublant.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article