Festival des 3 Continents | Critique : Hearth and Home

Un homme, joueur de sitar et pieux, prend soin de sa vieille mère.

Hearth and Home
Inde, 2024
De Prabhash Chandra

Durée : 2h01

Sortie : –

Note :

MAISON DE RETRAITE

Un plan fixe, un jardin et un chant. Les premiers instants de Hearth and Home nous invitent davantage à nous imprégner de l’atmosphère d’un lieu, plutôt qu’à immédiatement suivre une action. Des actions, du moins spectaculaires, il y en aura de toute façon assez peu dans le long métrage de l’Indien Prabhash Chandra, présenté en première mondiale dans la compétition du Festival des 3 Continents. Plutôt toute une série de mini-actions : donner à manger, soigner, parler au téléphone ou jouer de la musique.

La beauté hors du temps du chant classique que l’on entend contraste avec la scène suivante dans laquelle une femme très âgée se nourrit avec difficulté, aidée par son fils. On découvre leur lien mais on en saura très peu sur elle et lui. Juste suffisamment, dans ce film extrêmement épuré où Prabhash Chandra nous laisse faire notre chemin narratif. Qui est cet homme ? Un ancien artiste, un professeur de musique, peut-être tout autre chose ? Que racontent cette maison, ce lieu coquet et cossu, ou bien les souvenirs semble-t-il de voyage qui sont disposés ici ou là ? Même s’il est particulièrement minimaliste, Hearth and Home dispose d’un vrai moteur à récits.

Tout est dédramatisé mais rien n’est facile dans Hearth and Home. Tout est difficile mais rien n’est un drame : voilà l’intéressante balance sur laquelle se situe le long métrage. Le temps d’une scène pas indispensable, le film flirte avec une forme de complaisance voyeuriste. Il y a pourtant, dans ce portrait du lien incassable qui unit un fils vieillissant à sa mère en fin de vie, une tendresse. Celle-ci s’immisce par les interstices d’un film très radical, mais rendu chaleureux par le travail exquis sur les couleurs. Hearth and Home est parfois si dépouillé qu’il floute la frontière, à vrai dire obsolète, entre fiction et documentaire.

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par Nicolas Bardot

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