Critique : Gull

Une marchande d’âge mûr est violée par un collègue après un apéro arrosé. Elle tente tout d’abord de faire comme si de rien n’était, mais la colère finit par prendre le dessus…

Gull
Corée du Sud, 2020
De Kim Mi-Jo

Durée : 1h15

Sortie : –

Note :

PAROLE D’HONNEUR

Les scènes courtes s’enchainent dans Gull, premier long métrage de la Coréenne Kim Mi-Jo (lire notre entretien). L’épure de la mise en scène, de l’écriture et du découpage va à l’essentiel dans ce film, tout en laissant une place aux ellipses. Kim trouve la bonne respiration pour traiter d’un tabou dans le tabou et d’une honte dans la honte avec le viol d’une femme sexagénaire. Dans une société prompte à douter du récit des victimes (en Corée ou ailleurs), l’héroïne souffre ici d’une atteinte supplémentaire à sa dignité quand beaucoup présument ici que tout cela n’est simplement pas possible.

Une autre jeune cinéaste coréenne s’est emparée d’un sujet voisin : dans An Old Lady, primé à Busan, Lim Sun-Ae racontait l’histoire d’une femme, bientôt septuagénaire, abusée sexuellement par son soignant. An Old Lady et Gull sont deux films forts sur la parole et sa libération. Dans Gull, on comprend assez vite qu’il faudrait que rien ne change et que personne ne parle. Cela ne semble pas être une option pour l’opiniâtre Obok, incarnée avec charisme par Jeong Aehwa.

Kim Mi-Jo décrit avec finesse la solitude à laquelle Obok est confrontée : face au personnel hospitalier, face aux collègues mais face aussi à sa famille. La jeune cinéaste observe avec maturité la complexité de ces rapports dans ce film nerveux et concis (1h15). Couronné au dernier Festival de Jeonju, Gull révèle un talent à suivre.

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par Nicolas Bardot

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