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Sándor est le seul témoin d’un grave accident impliquant sa belle-fille et son fils. Il est confronté à un dilemme : doit-il dire la vérité et vivre avec les conséquences ? Ou mentir et sauver son fils ?
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Growing Down
Hongrie, 2025
De Bálint Dániel Sós
Durée : 1h25
Sortie : –
Note :
PARENT TERRIBLE
Une nouvelle chance s’offre à Sándor, beau quinquagénaire veuf et père d’un jeune ado. La rencontre avec une femme de son âge, également mère d’une adolescente, ressemble à une nouvelle chance, une nouvelle famille. La naïveté n’est pourtant pas de mise dans ce film qui s’ouvre avec une scène d’embouteillage monstre où Sándor récolte des remarques désobligeantes d’autres automobilistes (« il serait temps de se réveiller » lui crie t-on alors que l’action vient à peine de débuter). On comprend que l’embouteillage a été causé par le tempérament sanguin de son fils, et on devine que cela ne doit pas être le premier accident de ce type car Sándor passe très vite à autre chose, et le scénario aussi. Un autre accident attend pourtant presque au tournant et celui-ci est bien plus grave. Sándor va être l’unique témoin d’une scène violente impliquant sa nouvelle belle-fille et son fils. Va-t-il choisir de protéger ce dernier ou de révéler la vérité ?
Premier long métrage du cinéaste hongrois Bálint Dániel Sós, Growing Down présente plusieurs signes extérieurs de ce que la plupart des gens appelleraient sans doute du « grand » cinéma d’auteur : image en noir et blanc illustrant un scénario plein de zones grises, plan séquence d’ouverture plongé dans une belle brume, cadrages méticuleusement composés, légers ralentis par instants et même des airs délicats de musique classique (mais ces derniers sont justifiés avec malice par le fait que l’action se déroule en partie dans une école de musique où chacun doit respecter sa partition). Une telle liste d’ingrédients pourrait paraître indigeste et faire craindre que le film vienne rouler des mécaniques plutôt que d’être au service de ses personnages. Ce n’est pourtant pas le cas. Bálint Dániel Sós se sort avec beaucoup de talent de ces figures artistiques imposées.
Convaincu de la culpabilité de son fils, Sándor va mentir et encourager ce dernier à faire de même, mais lequel des deux contrôle réellement la situation ? Rapidement, l’enjeu du scénario ne consiste pas vraiment à savoir la vérité sur ce qui s’est passé, mais d’observer comment ce père de famille s’arrange avec sa conscience et va offrir ces petits arrangements en héritage à son fils. La métaphore politique sur la corruption des aînés dont hérite les jeunes générations est claire (« la violence n’est pas une réponse européenne » dit un prof à ses élèves) mais Growing Down conserve suffisamment les pieds sur terre pour ne pas virer au tout-parabole. A travers une mise en scène très élégante et une écriture à la brièveté efficace, le film parvient dans le même geste à nous faire prendre le parti de ses protagonistes ambigus tout en souhaitant leur chute. Voilà un pari avec de la personnalité.
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par Gregory Coutaut