La Roche-sur-Yon 2019 | Critique : Goldie

Goldie, fille du Bronx, souhaite devenir danseuse hip-hop. Suite à l’arrestation de sa mère, elle devra trouver son chemin.

Goldie
États-Unis, 2019
De Sam de Jong

Durée : 1h28

Sortie : –

Note :

TRÉSOR

Goldie s’assure que son public est bien au courant : elle est prête au décollage. Mais le monde est-il aussi prêt qu’elle ? L’héroïne du nouveau film du Néerlandais Sam de Jong est une jeune femme totalement dans la dèche, qui se rêve dans des clips de hip-hop, et qui n’a pas besoin de couronne pour se comporter comme une reine. Mais quelle est son talent ? Mannequin, actrice, danseuse ? Cela semble encore un peu flou, même pour elle. Goldie harangue la foule pour qu’elle applaudisse aussi sa petite sœur, même si son numéro au tambour est plutôt laborieux et pénible.

Goldie rêve du flamboyant manteau en fourrure qu’elle repère dans la vitrine d’un magasin. C’est sa cape de super-héroïne ; une super-héroïne qui perdrait ses pouvoirs quand ceux-ci sont remis en doute par son entourage. Ainsi parée, elle pourrait bien défiler dans un ball et la catégorie serait Goldie owns everything. Mais dans le film de Sam de Jong, Goldie ne possède que sa fierté. C’est une fille urbaine, d’aujourd’hui, mais son obsession pour ce manteau-armure et sa valeur sociale en fait une héroïne qui pourrait venir de la tragicomédie d’un grand roman russe.

Sam de Jong a l’excellente idée de filmer le drame le plus sordide comme une fantaisie. Les personnages sont régulièrement entourés de chaleureuses vagues de couleurs, et les lumières des phares de voitures à Brooklyn ressemblent parfois à des guirlandes de Noël. Chaque protagoniste est présenté par une petite voix extatique, qui propulse Goldie dans la bd ou le dessin animé. Cet emballage pop donne un ton, une sensibilité et une énergie vitale qui évoquent le cinéma vivant et urgent d’un Sean Baker.

Goldie est interprétée avec un charisme incandescent par Slick Woods, mannequin et proche de Rihanna dont la destinée incroyable en fait une proche cousine. Goldie peut-elle être l’héroïne d’un conte de fées ? Sam de Jong, malgré les couleurs, n’enjolive pas un quotidien impitoyable où, pour les marginaux, tout est interdit – même de rester en vie comme quand on prive une gamine d’un médicament. Goldie avance, mitraillette tatouée sur le bide. En fond sonore, on entend finalement plus de flûte mélancolique que de beat hip-hop. Et on entend surtout beaucoup le cœur de cette héroïne hors-normes, dans ce film aussi émouvant que galvanisant.

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par Nicolas Bardot

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