Festival de Locarno | Critique : Fréwaka

Shoo est envoyée dans un village isolé pour s’occuper d’une femme agoraphobe qui craint des entités sinistres, les Na Sídhe. Alors que toutes deux se rapprochent, la paranoïa, les rituels et les superstitions de la vieille dame conduisent Shoo à affronter son sombre passé.

Fréwaka
Irlande, 2024
De Aislinn Clarke

Durée : 1h43

Sortie : –

Note :

ADRESSE CONNUE

Fréwaka, second long métrage de l’Irlandaise Aislinn Clarke, utilise avec une certaine efficacité une collection d’archétypes du cinéma d’horreur. C’est d’abord un prologue inquiétant, qui se déroule dans les années 70, et qui suggère une malédiction capable de traverser les années. C’est un décor bien sûr : celui d’une maison aux recoins et différents étages qu’on imagine hantés, une bâtisse remplie d’animaux empaillés – et pas n’importe lesquels, une autruche par exemple. Ce sont également des thèmes familiers : vieillesse et triste décrépitude, ou traumas familiaux trimballés de génération en génération.

Fréwaka s’ouvre pourtant avec un léger contrepied : lorsque Shoo arrive devant la maison de la dame âgée dont elle doit s’occuper, on assiste à une sorte de home invasion inversé. Shoo veut à tout prix rentrer chez quelqu’un qui a peur – alors qu’elle est semble-t-il là pour prendre soin d’elle. Quels sont les mystères qui la dépassent, invisibles à l’œil nu, alors qu’on lui explique qu’il y a « une maison sous la maison » ? Avec ses codes très identifiables, Fréwaka manque parfois d’éléments percutants et de surprise. Un jump scare n’est pas nécessairement un péché capital (Oddity, autre film d’horreur irlandais récent, l’a bien prouvé), encore faut-il qu’il soit utilisé avec vigueur.

Le récit de Fréwaka, pourtant, parvient à trouver son chemin. Ce drame à touches horrifiques est construit de manière plutôt fonctionnelle, sans déborder mais avec un certain savoir-faire. A la maison hantée se mêle une tension de folk horror, tandis que le film se déploie en métaphores : sur les femmes aisément considérées comme folles, ou sur la damnation du mariage dans un monde patriarcal bien réel, aussi effrayant qu’une réalité alternative peuplée de monstres. Le mariage, la naissance et la mort sont des  » jobs de femmes » selon la patiente de Shoo. Remarquée avec son premier film d’horreur The Devil’s Doorway, Aislinn Clarke signe à nos yeux un long métrage certes un peu sage mais qui traite de thèmes universels avec compétence.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Nicolas Bardot

Partagez cet article