Rui attend le retour de son petit ami avec qui elle a écrit un scénario. Meiko était comédienne et travaille désormais dans un café. Leurs vies se croisent… Oubliées, comme l’histoire du quartier de Yokohama où elles vivent, les deux jeunes femmes sont comme deux planètes perdues dans le Japon moderne.
Forgotten Planets
Japon, 2018
De Takayuki Fukata
Durée : 1h38
Sortie : –
Note :
BONNE ETOILE
Dans les premières secondes de Forgotten Planets, une voix-off raconte quelques aventures spatiales. Les vastes étendues de Mars, et la vie sur Terre qui en comparaison semble si étriquée. Pendant ce temps, la caméra parcourt un décor qui semble certes venir un peu d’ailleurs, mais qui pourtant est d’ici : un port un peu triste, sous une lumière un peu bleue, endormi, à Yokohama. Le premier long métrage du Japonais Takayuki Fukata (lire notre entretien) fait le portrait de deux femmes qui sont là, semblent s’y être échouées, qui vivent ici « sans raison ». Nous sommes à Hommoku, port industriel aux allures d’étrange no man’s land.
« J’ai le sentiment d’avoir créé mon film en marchant dans la ville », a commenté pour nous le cinéaste dans notre entretien bientôt en ligne. On arpente les rues, on se glisse dans un café, on pénètre un multiplexe abandonné, et le cinéaste filme assez remarquablement les lieux, la ville, un modeste appartement. Fukata cite Rohmer parmi ses cinéastes favoris, et si Forgotten Planets n’est pas particulièrement rohmérien, il a ceci en commun avec le cinéaste français de savoir filmer l’espace, l’identité d’un lieu, et comment celle-ci influe sur l’identité des personnages.
Il règne dans Forgotten Planets un silence ambivalent. Une quiétude qui ressemble aussi à une tristesse. Qui se souviendra de nous quand nous serons mortes ? Qu’est-ce qu’une vieille caméra oubliée a imprimé du passé ? Ce sont quelques unes des questions posées avec une élégante sobriété par ce film qui fait preuve d’une grande délicatesse pour dépeindre les solitudes et espoirs déçus de ses deux héroïnes.
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par Nicolas Bardot