C’est la fin des années Eltsine. La vie n’est pas drôle à Ivanovo : les garçons partent faire la guerre en Tchétchénie, tous ressentent les effets de la crise économique et morale. Et tous cherchent un sens à leur vie. Dans une secte, l’alcool, la fête, le départ pour l’étranger… Mais ce jour-là, rien ne se passe comme prévu…
Folle nuit russe
Russie, 2017
De Anja Kreis
Durée : 1h17
Sortie : 17/07/2019
Note :
SOURIS PUISQUE C’EST GRAVE
Un film d’auteur russe qui se trouve être une comédie et qui traite en creux de la guerre en Tchétchénie : il va sans dire qu’on n’avait pas vu venir ce très surprenant Folle nuit russe. Voilà déjà une précieuse qualité pour un premier long métrage, réalisé ici par la Russe Anja Kreis (lire notre entretien). Le film raconte l’histoire de quelques personnages à l’aube de l’an 2000, tandis qu’on craint l’apocalypse. Cette apocalypse va bel et bien avoir lieu mais peut-être pas comme on l’attendait : un certain Vladimir Poutine s’apprête à accéder au pouvoir et les vieux portraits de Boris Eltsine accrochés dans les bureaux vont être changés. « C’est lui le petit nouveau? » dit-on en le remarquant à la télé. Mais les protagonistes savent déjà que c’est « un requin ».
« Savez-vous qui dirige le monde » demandent, de porte à porte, deux témoins de Jéhovah qui semblent échappées de scènes coupées du Père Noël est une ordure. Personne n’a de réponse claire dans ce pays qui semble marcher sans tête. Ses personnages se barricadent chez eux ou rêvent d’Allemagne, et Kreis filme tout cela sur le ton d’un opéra panique souvent très drôle. En creux, l’horrible réalité, parfois infilmable, comme lors de ce récit sur la Tchétchénie où la fumée envahit l’écran – une superbe idée visuelle et narrative.
« Ce n’est pas un film autobiographique, mais très personnel » commente la réalisatrice, qui filme la ville dont elle vient. Ce pourrait être un drame qui pèse des briques (les parties dramatiques du dénouement paraissent d’ailleurs un peu forcées et fonctionnent moins bien), mais Folle nuit russe est bel et bien une comédie, souvent irrésistible, qui vous fera faire des cauchemars à base d’imbouffables choux farcis. Le sens de l’absurde dans ce long métrage est parfaitement iconoclaste – le rire n’empêche pas d’être politique.
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par Nicolas Bardot