CRUEL SUMMER

Comme souvent chez François Ozon (et c’est un talent que l’on peut noter), Été 85 ne rentre jamais vraiment dans une seule case. C’est évidemment un récit d’apprentissage estival, mais ça n’est pas du tout la romance à laquelle on peut s’attendre. Ce sont ici des codes de thriller avec un suspens annoncé dès les premières minutes, mais le film s’en détourne assez vite et ne fait pas de grand mystère. La première qualité d’Été 85 est qu’on croit l’avoir déjà vu et ça n’est finalement pas le cas.

Le nouveau film d’Ozon se déroule dans les années 80, les deux héros amoureux se promènent dans une fête foraine qui diffuse du Jeanne Mas – on fait un tour de manège et les sensations sont décuplées. C’est parfois le cas dans le cinéma d’Ozon à son meilleur, c’est le cas aussi dans un amour d’adolescents forcément sublime et ridicule – ridicule comme les promesses d’ado qui vont avec, ou comme une ballade rock sentimentale de Rod Stewart. On le sait, les amours heureuses sont rares chez le cinéaste, et Été 85 décrit peu à peu un rapport de force sentimental tordu. Mais après une première partie plutôt sage, Été 85 devient un peu plus troublant.

A l’image de Frantz où mensonges et/ou fantasmes comptent autant que le réel, la question du point de vue et du vécu se pose dans ce nouveau film. A l’image d’Une nouvelle amie, la réinvention de soi-même prend parfois des chemins inattendus, et volontiers iconoclastes. « Vous avez exagéré certains faits », entend-on lors d’Été 85. Ozon sait décoller du réel et du premier degré attendus dans ce film qui propose plusieurs pistes. Et démontre une nouvelle fois le savoir-faire du cinéaste qui signe une adaptation extrêmement fidèle du roman d’Aidan Chambers, mais qui ne ressemble jamais à un cahier des charges ou une plate illustration.

>>> Été 85 est visible en vod sur UniversCiné

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