Festival Biarritz Amérique Latine | Critique : El Otro Tom

Elena, immigrée mexicaine aux Etats-Unis, manutentionnaire, élève seule son fils Tom, neuf ans. Celui-ci est diagnostiqué TDAH (trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité) et commence à suivre un traitement médicamenteux. Jusqu’à ce que certains effets secondaires semblent se produire…

El Otro Tom
Mexique, 2021
De Laura Santullo & Rodrigo Plá

Durée : 1h51

Sortie : –

Note :

ENTRE LES VAGUES

La première scène de El Otro Tom présente Elena et son fils dans un ascenseur – comme un indice pour ces personnages qui vont être dans tous leurs états émotionnels durant le film. Parfois lors de la même scène : lorsqu’Elena apprend une mauvaise nouvelle, des bulles de savon soufflées par Tom envahissent l’écran comme s’il s’agissait d’une célébration. Le duo uruguayen composé par Rodrigo Plá et Laura Santullo se distingue par une remarquable qualité d’écriture, avec un ton vivant et suffisamment d’agilité pour que chaque moment arbore différentes teintes et couleurs.

Une banderole accrochée à l’école encourage les enfants à croire en eux. Mais qui croit en Tom, garçonnet à qui l’on diagnostique un trouble de déficit de l’attention ? El Otro Tom raconte comment une société peut traiter une femme, appartenant à une minorité pauvre, élevant seule un enfant dont le père a évidemment disparu. Le film raconte à une plus petite échelle la sort réservé à un gamin un peu différent. Tout le monde sait mieux qu’Elena, qui subit le paternalisme de toute part, qui a des comptes à rendre à la fois à l’école, aux médecins comme aux services sociaux. Tout pour un grand film de mère courage ? El Otro Tom est plus complexe que cela.

Plá et Santullo regardent la réalité avec suffisamment d’honnêteté pour en dépeindre toutes les ambigüités. Les plans serrés sur le jeune Tom laissent peu à peu davantage de place à Elena. L’écriture change subtilement de focus, du fils à la mère, et explore la complexité de leur lien. C’est le portrait d’une mère protectrice et seule au monde, mais le film questionne avec intelligence l’emprise que celle-ci peut avoir sur son fils. Pas un enfer pavé de bonnes intentions non plus mais un intéressant entre-deux doux-amer, à l’image du ressac des vagues dans le dernier segment – un mouvement perpétuel dont les protagonistes peinent à sortir dans ce drame habile et poignant.

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par Nicolas Bardot

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