Festival de Cannes | Critique : Drunken Noodles

Adnan, un jeune étudiant en art, arrive à New York pour y passer l’été. Il effectue un stage dans une galerie où est exposé un artiste atypique et plus âgé qu’il a croisé par le passé. Alors que des moments de son passé et de son présent s’entrelacent, une série de rencontres — à la fois artistiques et érotiques — ouvrent des brèches dans sa réalité quotidienne.

Drunken Noodles
Etats-Unis, 2025
De Lucio Castro

Durée : 1h22

Sortie : –

Note :

MIROIR DÉFORMANT

Adnan débarque à New York pour travailler dans une galerie d’art et occuper l’appartement d’un ami artiste pendant son absence. Les litotes embarrassés qu’il offre en guise de réponses quand on lui demande comment il a rencontré ce dernier évoqueront des souvenirs familiers à de nombreux spectateurs gay. Drunken Noodles débute ainsi, avec le chouette capital sympathie d’une comédie à la fois confortable et gentiment sexuée. Adnan fait des rencontres, bosse, s’ennuie, pratique le cruising urbain et ainsi se déroule son quotidien sain de jeune homme épanoui malgré sa mélancolie.

Une telle mise en place peut donner une première impression de déjà-vu. On a l’impression de pouvoir devenir à l’avance le déroulé de cet épanouissement sensuel situé dans la capitale de la romcom. Or, celles et ceux qui ont vu Fin de siècle, premier long métrage de Lucio Castro, savent que le cinéaste chilien possède le sens de la surprise. C’est effectivement ce que viennent confirmer les différents virages narratifs, les changement de rythme et de registres inattendus que l’on croise dans cette drôle de promenade cinématographique, et dont on vous laisse le plaisir de la surprise. Il est vrai que Drunken Noodles ne se départit jamais entièrement de son côté un peu lisse : les mecs gardent tous leur slip chaste même pour des scènes de sexe, et la beauté parfaite de l’acteur principal le rendrait peut-être plus crédible en mannequin qu’en étudiant torturé. Il y avait peut-être de quoi rajouter un coup de condiments corsés ici ou là.

Pourtant, derrière cette forme accessible, Castro aborde des sujets qui ne manquent pas de sel (fétichisme, partenaires sexuels d’âges très différents). En abandonnant peu à peu le strict réalisme pour une forme poétique plus libre, le film parvient paradoxalement à retranscrire plus chaleureusement des expériences communes à beaucoup d’hommes queer et qui ne sont pas si souvent abordées que ça dans le cinéma gay : les discussions maladroites qui suivent les rapports sexuels avec des inconnus, l’énergie particulière d’un cruising improvisé dans un coin de nature, la connivence spécifique apportée par du sexe en groupe, etc. Drunken Noodles nous offre un miroir pas si déformant que ça que nos vies secrètes.

| Suivez Le Polyester sur BlueskyFacebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article