Juha a perdu son épouse, victime d’une noyade. Des années plus tard, incapable de surmonter cette tragédie, il vit replié sur lui-même. Sa rencontre avec Mona, une dominatrice, va modifier le cours de son existence.
Dogs Don’t Wear Pants
Finlande, 2019
De Jukka-Pekka Valkeapää
Durée : 1h45
Sortie : Mubi
Note :
LE MALIN PLAISIR
Dogs Don’t Wear Pants s’ouvre sur le cadre idyllique d’une merveilleuse maisonnette au bord d’un lac finlandais ; il y a de jolies fleurs à mettre dans les cheveux, des bois apaisants et une belle lumière. Le long métrage de Jukka-Pekka Valkeapää racontera pourtant tout l’inverse après ce flash lumineux. C’est un film de nuit et le jour dans Dogs Don’t Wear Pants ressemble presque à une anomalie. C’est une histoire de sous-sols, de chambres aux rideaux tirés, de clubs dans la pénombre. Et c’est dans cette nuit noire que vit le personnage principal, un veuf qui ne semble pas totalement s’être remis de la mort de sa femme.
Il y a dès le début de Dogs… une étonnante vitesse de l’action : ellipse temporelle, péripéties qui s’enchainent… D’autant plus étonnante que le film parvient à être à la fois vif et lent. On se faufile auprès du héros dans ce terrier d’Alice où règnent les pratique BDSM. Mais ce monde-là est-il un monde parallèle ? Valkeapää filme, dans la vie quotidienne, un piercing sur une langue, une tenue de chirurgien et l’étrange attirail sur une table de rééducation comme il pourrait filmer un décor où l’on suffoque avec plaisir. Le long métrage n’en fait rien de sulfureux mais n’édulcore pas pour autant – nous ne sommes pas ici dans une imagerie porno-chic aseptisée.
La musique dans Dogs… est sourde et dissonante, comme si un écho lointain parvenait aux oreilles de son personnage principal qui trébuche. Un peu KO, mais qui s’éveille petit à petit. Le segment mélodramatique du film, dans le dernier tiers, est le plus maladroit, et flirte avec l’idée que la liberté sexuelle a un prix. In fine, Valkeapää évite avec panache le moralisme. Dogs… nous épargne les clichés du film de trauma et de rédemption, ainsi que les lourdeurs du film de réconciliations familiales. C’est ce qu’il y a ici de plus beau : comment l’harmonie et l’épanouissement peuvent se trouver hors des règles de société, comment une sexualité perçue comme clandestine peut être un puissant outil d’empowerment. Et comment le sourire d’une gueule cassée peut donner à ce film noir comme le latex une forme de candeur et de légèreté.
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par Nicolas Bardot