Une femme adopte un chien qui, peu de temps après, vomit dans le métro. L’incident a été filmé et devient viral, plongeant l’héroïne dans le chaos le plus total…
#dogpoopgirl
Roumanie, 2021
De Andrei Hutuleac
Durée : 1h18
Sortie : –
Note :
UNE FILLE QUI A DU CHIEN
Hasard du calendrier de ce début d’année : quelques semaines après l’Ours d’or de Radu Jude à Berlin avec le stupéfiant Bad Luck Banging or Loony Porn, son compatriote Andrei Huţuleac (acteur croisé entre autres chez Cãlin Peter Netzer) remportait le Grand Prix au Festival de Moscou avec #dogpoopgirl, son tout premier film. Or les deux œuvres possèdent un sujet et un traitement trop similaire pour ne pas être remarqués. #dogpoopgirl est une satire de la bêtise contemporaine et de la course à l’indignation, et dans un film comme dans l’autre, tout commence par un événement banal et une vidéo virale, et tout se termine dans un tourbillon fantaisiste
L’héroïne éponyme de #dogpoopgirl est filmée en train de laisser son chien déféquer dans le métro. Cette introduction grinçante sème déjà les graines d’une cruelle absurdité. Ce que vient confirmer la suite, une partie de dominos de réactions toutes plus outrées et stupides les unes que les autres. La fille à la crotte de chien se retrouve accusée de tous les maux, d’avoir humilié son chien comme d’avoir poussé des gens au suicide, rien que ça. La surenchère farcesque des réactions donne lieu à des vignettes très drôles, telles ces émissions de télé ahurissantes de mocheté (et donc très crédibles).
La limite du film tient sans doute à sa difficulté de maintenir un équilibre après cette surenchère. Tout divertissant qu’il soit, #dogpoopgirl n’échappe pas à la répétition, quitte à parfois ressembler à un catalogue anxiogène de mesquineries en tout genre. Quitte également à se conclure abruptement par une pirouette un peu trop facile. Le point de vue du cinéaste reste néanmoins le bon. Évitant le piège consistant à se placer au-dessus de tous ses contemporains, il interprète lui-même l’un des détracteurs idiots de l’héroïne. Enfin, la meilleure idée du film est sans doute de ne pas rendre sa protagoniste facilement aimable. Cela rend le film gentiment incisif : personne ne mérite d’échapper à sa méchante caricature.
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par Gregory Coutaut