Festival de Cannes | Critique : Die, My Love

Dans une campagne isolée, une femme se bat contre ses propres démons.

Die, My Love
Canada, 2025
De Lynne Ramsay

Durée : 1h58

Sortie : prochainement

Note :

ITCHY ET SCRATCHY

De We Need to Talk about Kevin à ce Die, My Love, le cinéma de la Britannique Lynne Ramsay n’a pas perdu de sa brutalité en traversant l’Atlantique. Qui n’est pas familier avec son œuvre risquerait de tomber dans le panneau consistant à interpréter la présence de Jennifer Lawrence et Robert Pattinson comme une concession au romantisme hollywoodien. Or, même avec des stars de ce calibre, Ramsay ne met pas d’eau dans son vin.

C’est même dans un vinaigre acide à souhait qu’elle trempe ici l’image d’Épinal du couple idéal, petits fiancés de l’Amérique jeunes et beaux, que ces interprètes véhiculent (sans doute malgré eux). Die, My Love raconte bien une histoire d’amour, mais comme l’indique le titre, celle-ci n’a rien de confortable ou de reposant. Ramsay insiste sur ce point dès les premières séquences, quitte à rendre potentiellement crispante l’entrée dans le film. Le montage halète comme un animal sauvage, le nid conjugal est d’une couleur verdâtre improbable, et le bonheur de ce couple de pèquenauds danse perpétuellement au bord de la frénésie.

D’où va venir l’étincelle explosive ? Telle est la question urgente qui traverse cette introduction. De quoi parle le film exactement, en est une autre. Les embrassades sauvages se transforment progressivement en affrontements amers. Un bébé naît et portant la maisonnette champêtre coupée du monde attire les mouches comme si quelque chose venait d’y mourir. Lynne Ramsay parvient à donner deux visages simultanés à son film. Die, My Love est d’une part un jeu de massacre où les amants ne peuvent s’empêcher de régler leurs comptes en couple comme dans une version psychologique d’Itchy et Scratchy. Il s’agit aussi du portrait métaphorique d’une jeune femme qui refuse de se laisser domestiquer.

Que Ramsay engage spécifiquement Jennifer Lawrence pour ce rôle n’est pas anodin. Outre que l’actrice (tantôt fillette et femme fatale) excelle à traduire dans son jeu le ton imprévisible du scénario, sa présence apporte avec elle un écho mother! de Darren Aronofsky. Potentiellement fort clivante également, cette farce parano couplée à une parabole grinçante peut également être qualifié de home invasion marital.

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par Gregory Coutaut

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