« COW nous invite à porter un autre regard sur les vaches, à nous en rapprocher, à contempler leur beauté mais aussi la réalité de leur vie. Sans fard. Ceci est l’histoire d’une réalité, celle d’une vache laitière, et un hommage à l’immense service qu’elle nous rend. Quand je regarde Luma, notre vache, c’est notre monde que je vois à travers elle. » Andrea Arnold
Cow
Royaume-Uni, 2021
De Andrea Arnold
Durée : 1h34
Sortie : 30/11/2022
Note :
VACHE MAIGRE
Voilà une parenthèse inattendue dans la carrière d’Andrea Arnold. Premier film documentaire de la réalisatrice britannique, Cow est un long métrage au minimalisme étonnant. Pas de dialogues (hormis quelques phrases insignifiantes captées en arrière-plan), pas de voix off, pas d’intertitre, et comme unique protagoniste : une vache. Si certains plans peuvent rappeler l’étrangeté crue des Hauts de Hurlevent, il serait sans doute exagéré de dire que l’on reconnaît ici de façon flagrante le style d’Arnold. Pourtant, comme ses précédentes œuvres, Cow est un film qui n’a pas peur du mouvement, quitte à ce que la caméra se prenne plus d’un coup de boule de la part du bovin.
Arnold filme le bovidé en face à face (sans éviter ce nouveau cliché du documentaire animalier : le soi-disant mystérieux gros plan sur les yeux). Elle la filme sous toutes ses coutures, de la moins ragoûtante à la plus attachante. Cette vache d’élevage n’a d’autre destinée que de se reproduire et donner du lait. Cet horizon restreint ne permet pas au film d’avoir une variété de registres incroyables, et Cow n’a de toute façon pas l’ambition artistique du fascinant Gunda, mais au moins Arnold a-t-elle le bon goût d’éviter l’anthropomorphisme à outrance. Mais l’évite-t-elle autant qu’elle le pourrait ?
Il y a ici des choix de mise en scène, telles ces chansons pop en accompagnement, dont le sentimentalisme naïf étonne de la part d’Arnold. Une scène d’accouplement avec un taureau est montée en parallèle avec un feu d’artifice et une chanson RnB qui roucoule des mots d’amour. La pilule est un peu grosse à avaler. « Regardez comme elle sourit » dit même un agriculteur au moment de son accouchement. C’est comme si Arnold, coincée dans une stupeur émerveillée, s’attendait à ce que l’on partage sa fascination, mais cette dernière n’est pas assez contagieuse ou profonde pour sortir Cow de sa toute petite échelle, presque anecdotique. On se demande un peu ce que la cinéaste avait en tête avec un tel projet.
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par Gregory Coutaut