Festival Biarritz Amérique Latine | Critique : Concierto para la batalla de El Tala

Un orchestre répète un opéra inspiré de mémoires de guerre.

Concierto para la batalla de El Tala
Argentine, 2021
De Mariano Llinás

Durée : 1h04

Sortie : –

Note :

ÉPREUVE D’ARTISTE

Si le cinéma est la rencontre de plusieurs arts (l’art pictural, la dramaturgie, la musique…) Concierto para la batalla de El Tala en propose une étrange dissection, comme une liste d’ingrédients dénudée. Le réalisateur Mariano Llinás filme d’une part un orchestre en train de répéter un opéra (clin d’œil à La Vendedora de fosforos, de son collaborateur Alejo Moguillansky ?), il filme également, mais séparément, quelqu’un en train de lire à voix haute les mémoires de guerre ayant servi d’inspiration à cet opéra. Ces scènes sans commentaires sont entrecoupées par un écran blanc ou s’affiche un autre texte, brut, qui commente le tout. Même si des bruitages viennent recouvrir l’ensemble, ces différents blocs restent d’une sévère étanchéité.

Mariano Llinás présente Concierto comme un film de guerre en même temps qu’un film sur la guerre. Il reconstitue le conflit sans le filmer, mais même si le film est d’une simplicité crue, cette interprétation n’est pas aisée à trouver. Concierto n’est ni une fiction ni vraiment un documentaire, C’est un essai où la théorie prend le pas sur tout, un film où il n’y a de la place ni pour des personnages, ni pour nous spectateurs. Quand le long métrage nous invite a participer (lors d’une pause karaoké inattendue), la pirouette est sans grande fantaisie car elle est aussi arbitraire et hermétique que le reste.

Le meilleur passage de La Flor, précédent film de Llínas, était celui où le concept devenait le plus assumé. Quand Llinás rangeait sa poudre aux yeux pour nous montrer humblement ses (bouts de) ficelle. C’est à nouveau le cas ici, mais cette porte ouverte se situe cette fois au tout début du film. Concierto a beau être tout court (à peine plus d’une heure), il stagne sur une même note qui pourrait durer 5 minutes comme 4 heures. Le film est figé dans un concept pas assez vivant pour être séduisant.

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par Gregory Coutaut

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