Critique : Compétition officielle

Un homme d’affaires milliardaire décide de faire un film pour laisser une empreinte dans l’Histoire. Il engage alors les meilleurs : la célèbre cinéaste Lola Cuevas, la star hollywoodienne Félix Rivero et le comédien de théâtre radical Iván Torres. Mais si leur talent est grand… leur ego l’est encore plus !

 

Compétition officielle
Espagne, 2021
De Mariano Cohn et Gastón Duprat

Durée : 1h54

Sortie : 01/06/2022

Note :

TOUS EN SCÈNE

Une comédie avec des stars, qui se moque du star-système ? Les tréteaux de la farce Compétition officielle sont à peine posés que l’on se demande si l’ensemble va faire preuve d’assez de finesse pour réussir autre chose qu’enfoncer des portes ouvertes. Il faut dire que les personnages sont si lisibles qu’on peut les déchiffrer sans peine depuis le dernier rang. D’un côté la star hollywoodienne sexy mais neuneu jouée par Antonio Banderas, de l’autre le théâtreux snob joué par l’argentin Oscar Martìnez, et au milieu, une femme forcément inatteignable puisque lesbienne : Penélope Cruz avec un look sympathiquement improbable mi-Lucrécia Martel mi-Andrea Zuckerman. Les trois coups résonnent à peine qu’on a déjà l’impression d’avoir justement un coup d’avance sur toute cette intrigue.

De fait, Compétition officielle suit un programme convenu sans virages trop audacieux, mais le film possède néanmoins plus de relief que prévu. Les deux réalisateurs Mariano Cohn et Gastón Duprat font un usage sage de la symétrie dans leur composition (traduisant le cynisme qui les guette à force de ne pas vouloir trancher entre leurs deux caricatures) mais ils utilisent avec efficacité le minimalisme presque brutal de leur décor. Cette demeure à l’architecture contemporaine faite d’angles droits et d’espaces très vides ressemble moins à une scène de boulevard qu’à celle d’un théâtre antique prête à accueillir une tragédie absurde.

C’est justement dans les moments où le scénario se permet de déplacer le curseur vers une cruauté mordante qu’il donne lieu à ses meilleures scènes, telle celle, étrange, où une machine à broyer les métaux est filmée avec une froideur étonnante. Dans ces moments où la caméra s’éloigne de ses acteurs, c’est le film entier qui prend du recul sur sa propre bouffonnerie. Ces respirations bienvenues ne viennent pas bouleverser l’ensemble mais participent à le rendre plutôt charmant.

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par Gregory Coutaut

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