Festival de Busan | Critique : Cloud

Ryosuke Yoshii est un homme ordinaire, qui subvient à ses besoins en revendant des choses sur Internet. Peu à peu, il s’attire la rancune des gens qui l’entourent et va devoir lutter pour sa vie.

Cloud
Japon, 2024
De Kiyoshi Kurosawa

Durée : 2h04

Sortie : –

Note :

JE SERAI DANS LES NUAGES

2024 est une année faste pour Kiyoshi Kurosawa : après avoir présenté l’excellent Chime en février à la Berlinale (cf. notre dossier des meilleurs courts vus au festival), et quelques semaines avant de dévoiler le remake de son propre film Serpent’s Path à San Sebastian, le voici à la Mostra de Venise où Cloud est sélectionné hors compétition. A quel nuage de mauvais augure peut bien faire référence ce titre ? Il semble pourtant ne planer aucune ombre sur l’horizon de Ryosuke. Ce dernier a visiblement trouvé la combine parfaite pour se faire rapidement de l’argent sur Internet. Suffisamment d’argent pour pouvoir emménager dans une jolie maison au bord d’un lac avec son amoureuse qui l’épaule dans ses arnaques sur le cloud (c’était donc ça).

La mise en scène de Kurosawa se reconnait tout de suite, avec un très grand plaisir. Sa manière de styliser la lumière fait une fois de plus merveille au moment d’apporter un relief fantasmagorique et tendu à la fois au quotidien de son protagoniste. Ses décadrages inattendus viennent suggérer l’imminence d’une menace, de même que le travail sur les couleurs jaunes et ocres – comme si l’été oisif touchait bientôt à sa fin pour Ryosuke. Le temps d’un plan stupéfiant, c’est bel et bien un immense nuage qui vient recouvrir comme un monstre sa villa de rêve. On sent venir une punition méritée pour cet égoïste à mauvais caractère, on l’espère même. Pourtant le scénario prend son temps, comme s’il voulait nous aussi nous mettre en garde contre les désirs trop vite exaucés.

Sans trop en révéler, il y a bel et bien un basculement dans Cloud. Celui-ci intervient alors qu’on a déjà bien eu le temps de se se demander ce que Kurosawa souhaitait nous dire avec cette simple histoire de revendeur à la sauvette. Ce virage répond-il à la question ? Pas vraiment, car il s’avère être paradoxalement familier et surprenant à la fois. Issu de la veine des thrillers réalistes de Kurosawa, Cloud ne possède rien de fantastique, à moins d’interpréter l’ultime scène (hallucinée comme celle de Charisma) comme un clin d’œil à La Quatrième dimension, le film. Si le récit reste finalement terre-à-terre dans sa manière de comparer Internet à un territoire de western sans foi ni loi, la mise en scène offre suffisamment de ruptures stylistiques pour amener ce récit policier vers de chatoyantes hauteurs.

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par Gregory Coutaut

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