Critique : Château Rouge

Quartier de la Goutte d’Or à Paris, métro Château Rouge, collège Georges Clemenceau. Chargés de leur insouciance et de leurs blessures, les adolescents doivent grandir. Ils construisent leurs personnalités, se perdent, se cherchent. Les adultes tentent de les guider malgré la violence du système.

Château Rouge
France, 2024
De Hélène Milano

Durée : 1h47

Sortie : 22/01/2025

Note :

GRANDE ÉCOLE

Inspiration inépuisable pour la jeunesse ? Laboratoire social sans cesse renouvelé? On ne peut pas vraiment dire que l’on subisse en France une pénurie de films sur l’école, a fortiori sous forme documentaire. Rien que ce mois-ci, Château Rouge est déjà le deuxième à sortir, aux cotés d’Apprendre de Claire Simon. Apporter de la nouveauté radicale à cette famille très peuplée est un défi de taille, mais il serait de mauvaise foi d’exiger une révolution de chaque nouveau film. Château Rouge n’a pas pour vocation à chambouler sévèrement le genre, on peut même dire que ce documentaire n’y apporte pas grand chose de nouveau, mais ça ne l’empêche pas d’être une sympathique petite réussite.

La réalisatrice Hélène Milano a suivi une poignée d’élèves de troisième au collège Georges Clémenceau de Paris. C’est l’année du brevet, la dernière année avant des choix d’orientation importants, mais cela n’empêche pas le film de débuter avec une touche d’ironie : lors du tout premier appel, il y a déjà beaucoup d’absents. En donnant au documentaire le nom du quartier multiculturel où se déroule l’action plutôt que le nom de l’établissement, Milano souligne qu’une grande partie de ces élèves-là se trouvent dans des situations plus complexes que la moyenne des collégiens français : issus de populations immigrées, certains sont demandeurs d’asile ou n’ont pas grandi dans des environnements francophones, nécessitant une attention spéciale dans leur parcours d’apprentissage.

Château Rouge est justement un documentaire qui vise à mettre en valeur la parole. Les entretiens avec certains élèves un peu grandes gueules apportent de l’humour, mais les panos répétés sur les ados regardant durement la caméra dans les yeux n’offrent pas le résultat le plus contemporain qui soit. Les scènes les plus réussies sont, est-ce là un paradoxe, celles où les élèves sont entourés et encadrés de professeurs qui les amènent finement à s’exprimer et à grandir. Au final, l’accompagnement de cette année de cours se fait sans grande surprise mais pas sans charme.

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par Gregory Coutaut

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