Festival du Film Britannique de Dinard | Critique : Censor

Enid travaille dans un bureau de classification des films. Un jour, elle découvre un film d’horreur qui lui parle intimement et la renvoie à son passé. Enid cherche alors à démêler le mystère qui se cache derrière cette œuvre…

Censor
Royaume-Uni, 2021
De Prano Bailey-Bond

Durée : 1h24

Sortie : –

Note :

NE COUPEZ PAS

La Galloise Prano Bailey-Bond dit avoir eu l’inspiration de Censor en se posant cette question : si la personne chargée de censurer les films protège le public de la violence des films d’horreur, qui la protège, elle ? Censor est une satire horrifique dont l’héroïne travaille dans un bureau de classification des films ; elle enquille les bobines horrifiques et pointe son index lorsque l’horreur devient trop réaliste. Voilà une frontière bien floue dans le Royaume-Uni de Margaret Thatcher dont l’ultra-violence s’exprime certes différemment que dans Evil Dead – mais elle est certainement plus nocive.

Parmi ses inspirations, Bailey-Bond cite Lucio Fulci comme Martin Parr. Cela dessine bien le spectre de Censor, qui va de la fantaisie horrifique choquante aux racines réalistes. Le personnage principal de Censor, Enid, est une héroïne classique de drame psychologique, hantée par un indicible traumatisme et au bord du basculement. Le film opère une habile mise en abyme de différents espace mentaux, qu’il s’agisse des émotions authentiques éveillées par un long métrage à l’illusion de réel d’un lieu de tournage de cinéma.

Le look rétro de Censor parvient à être ni une simple recréation, ni un commentaire ironique. Le nuage rose qui s’infiltre partout coupe peu à peu le long métrage – comme son héroïne – du réel. Film d’horreur où l’on regarde des films d’horreur et où l’on imagine d’autres films d’horreur, Censor est un dédale ludique et filou. Car Bailey-Bond, en dispersant les indices, nous fait croire qu’on est plus malin que le film – ce qui n’est pas le cas. Si le dernier segment grand-guignol se greffe peut-être abruptement au reste du long métrage, il amplifie aussi son ambition et élargit encore sa palette de tons. Ce premier film prometteur propose une réflexion quant au regard porté sur l’horreur en même temps qu’une lettre d’amour au genre.

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par Nicolas Bardot

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