Festival de Sundance | Critique : Cat Person

Au cinéma d’art et d’essai ou elle travaille, Margot, étudiante, croise souvent Robert, un cinéphile un peu plus âgé. Le flirt au comptoir se transforme en textos, en moments gênants et signaux d’alarme. Les malaises s’accumulent, et Margot se sent à la fois attirée et réticente.

Cat Person
Etats-Unis, 2023
De Susanna Fogel

Durée : 2h00

Sortie : –

Note :

APPELER UN CHAT UN CHAT

Cat Person est l’adaptation d’une nouvelle de l’autrice américaine Kristen Roupenian, publiée sous le titre Un mec à chats dans l’excellent recueil Avoue que tu en meurs d’envie. La réussite de cette nouvelle à la réjouissante perversion, qui a d’ailleurs connu un succès viral aux Etats-Unis à sa sortie, peut être résumée à un équilibre remarquable entre brutalité et concision. Sur ce dernier point, on pouvait dès lors se demander comment (mais aussi pourquoi) la réalisatrice Susanna Fogel allait réussir à passer d’un écrit de seulement 38 pages à un film de quasiment deux heures. La réponse est hélas : pas très bien.

Encore étudiante, Margot se fait draguer par un jeune trentenaire ténébreux et maladroit. Ce dernier est-il un nerd inoffensif et attachant ou bien un incel violent, prêt à lui en faire baver si elle se refuse à lui ? Ne pouvant ou ne voulant trancher, Margot se laisse entrainer d’un rendez-vous miteux à l’autre. Cette trame presque minimaliste, Susanna Fogel fait le choix de la traiter ouvertement comme une comédie, s’amusant à rajouter çà et là beaucoup de détails et références culturelles qui font mouche. Elle fait aussi des choix qui lui font perdre une grosse partie de la précieuse ambiguïté d’origine.

La cinéaste tue le malaise en l’expliquant trop. Elle rajoute des personnages secondaires (dont Isabella Rossellini en prof de science) dont les dialogues ne servent qu’à dire noir sur blanc ce qui était déjà sous-entendu. A force d’éclaircissements et de surlignages, comme dans ces scènes où les protagonistes s’imaginent dialoguer avec leur double ou leur psy, l’ensemble se transforme en une compilation redondante et sans ironie. Une énième couche superflue est rajoutée par un épilogue de 30 minutes, soudain arbitrairement dramatique, qui s’avère bien maladroit dans le regard qu’il pose finalement sur le libre arbitre de son héroïne. 

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par Gregory Coutaut

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