
La vie d’un cambrioleur prend une tournure inattendue lorsqu’il tombe, dans un appartement, sur la statue en plâtre d’une femme.

Bury Us in a Lone Desert
Vietnam, 2025
De Nguyễn Lê Hoàng Phúc
Durée : 1h02
Sortie : –
Note :
LE DÉSERT ROSE
Dévoilé récemment au Festival de Rotterdam, Bury Us in a Lone Desert, premier long métrage du Vietnamien Nguyễn Lê Hoàng Phúc, est né d’un étrange fait divers, comme il nous l’a expliqué dans notre entretien. « En 2009, je suis tombé sur un article de presse intitulé L’homme qui dormait avec le cadavre de sa femme à propos d’un homme à Quang Nam, au Vietnam, qui effectivement dormait à côté d’une statue en plâtre grandeur nature de sa défunte épouse. L’image était bizarre et troublante, évoquant un malaise non seulement chez moi, mais dans la société en général ». C’est dans cette curiosité quotidienne que baigne ce court film d’un peu plus d’une heure.
Le surprenant format « rond » de l’image dans Bury Us in a Lone Desert donne l’impression de regarder un secret. On observe l’action, comme en cachette – et il y a effectivement un mystère derrière ces images. On examine par effraction, mais on y est finalement invité. Un jeune cambrioleur fait une singulière découverte dans un appartement : un homme vit auprès de sa femme qui est comme momifiée, et souhaite être enterré dans le désert auprès d’elle. Nguyễn Lê Hoàng Phúc fait confiance à l’image dans ce film qui réserve de longues plages de silences et peut régulièrement se passer de dialogues.
L’émotion est transmise autrement dans Bury Us in a Lone Desert – essentiellement de manière visuelle. Les couleurs sont fortes, avec notamment une utilisation remarquable du bleu. Les artifices sont ainsi mis en avant (le cadre, les couleurs, la lumière) ; le film passe son temps à tricher grâce à ces outils et pourtant ne triche jamais lorsqu’il s’agit de traduire au plus près les émotions de ses protagonistes. Voilà qui est visuellement plus grand que nature, comme l’histoire qu’on nous raconte. Le ton est celui d’une aventure pop, là où Bury Us in a Lone Desert pourrait être traité comme un drame plus classique. C’est là le mélange de tons réussi d’un film sur le deuil mais qui accorde une attention particulière à la fantaisie et la légèreté. Le résultat, tendre et simple, s’avère séduisant et prometteur, inscrivant Nguyễn Lê Hoàng Phúc dans la liste contemporaine de plus en plus fournie de jeunes talents du cinéma d’auteur vietnamien.
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par Nicolas Bardot