Festival CPH:DOX | Critique : Beatrix

Qui est Beatrix ? ou plutôt : que fait Beatrix ? Jouer, rêvasser avec un énorme ballon, regarder distraitement la TV, laver, arroser le jardin, prendre un bain, croquer du raisin, recevoir des amis, observer de menus détails du monde qui l’entoure. Et, peut-être, surtout ne rien faire. Passer le temps, dans une maison vide, en été.

Beatrix
Autriche, 2021
De Milena Czernovsky & Lilith Kraxner

Durée : 1h35

Sortie : –

Note :

RIENS DU TOUT

Beatrix ne fait rien, Beatrix est un film où « il ne se passe rien ». La jeune femme passe son été dans une maison où elle fait un ménage régulier et lorsqu’elle nettoie le four, on s’attend ensuite à ce qu’elle épluche ses pommes de terre dans la cuisine comme une nouvelle Jeanne Dielman. Le film est souvent muet sauf ponctuellement, lorsque Beatrix appelle son chat, a des conversations téléphoniques, reçoit occasionnellement des visiteurs.

Mais même dans ces moments, Beatrix l’air seule. Les cinéastes autrichiennes Milena Czernovsky et Lilith Kraxner dépeignent cette intimité à travers une mise en scène resserrée sur leur protagoniste, sur son visage mais surtout sur son corps qui agit, sur ses mains qui saisissent un livre, épluchent un fruit, sur ses cuisses pliées ou son torse tendu. C’est un parti-pris à la radicalité assumée, mais la fantaisie peut aussi s’inviter le temps d’un cadrage cocasse.

« Submergée par la liberté de choisir, elle fait le choix de ne rien faire », commentent les réalisatrices. Il y a une démarche expérimentale proche de la performance dans Beatrix. On regarde l’héroïne comme à travers un trou de serrure, ou peut-être plutôt la large ouverture d’une curieuse maison de poupées. Beatrix semble invisible au monde mais elle est pourtant très concrètement visible à nos yeux. Un avion vole dans le ciel, peu importe ce qui lui passe au-dessus de la tête. Le film propose une expérience aussi sensible que magnétisante où le spectateur a un rôle actif.

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par Nicolas Bardot

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