Critique : Atlantic Bar

À l’Atlantic Bar, à Arles, Nathalie, la patronne, est le centre de l’attention. Ici, on chante, on danse, on se tient les uns aux autres. Après l’annonce de la mise en vente du bar, Nathalie et les habitués se confrontent à la fin de leur monde et d’un lieu à la fois destructeur et vital.

Atlantic Bar
France, 2022
De Fanny Molins

Durée : 1h17

Sortie : 22/03/2023

Note :

FIER COMME UN BAR-TABAC

Pas besoin de dire un mot : la propriétaire de l’Atlantic sait qui prend un café long à chacune de ses venues au bar. La Française Fanny Molins (lire notre entretien) a passé quatre ans dans ce petit bistrot à Arles, pour saisir l’atmosphère du lieu et écouter attentivement ses occupants. On y chantonne du Johnny Hallyday ou du Roch Voisine (mais surtout du Johnny), on joue au babyfoot ou aux cartes – c’est un décor qu’on peut assez aisément imaginer mais Molins parvient avec une certaine habileté à éviter le pittoresque figé de cartes postales.

L’une des raisons à cela réside dans la capacité qu’a la cinéaste à s’intéresser aux détails, à changer d’échelle, à faire respirer son film. Elle laisse des espaces et c’est peut-être par là qu’elle insuffle de la vie. Molins commente : « Quand on va au bar, qu’on se lève, qu’on s’habille et qu’on traverse la rue pour aller s’entrechoquer à d’autres humains, on est en mouvement. On est vivant. Aller au bar, c’est garder l’espoir ».

Bien évidemment, l’alcool coule dans Atlantic Bar : on le sert, on en parle aussi. Il y a les sentiments et confessions qui sortent davantage, du moins de manière plus directe, grâce à l’alcool. Mais on met aussi des mots sur l’alcoolisme, sur les soucis qui ne changent pas lors des lendemains de cuite. En creux se dessinent les drames, le déterminisme social. L’utopie au bar tel que Molins la dépeint n’est jamais vraiment dupe, on sait les diverses menaces qui pèsent sur ce lieux qui pourrait bien disparaître. Lors d’un plan superbe, la cinéaste resserre son image sur le dos de son héroïne, un plan bouleversant que Fanny Molins parvient à rendre aussi émouvant qu’un visage.

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par Nicolas Bardot

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