Situé dans le paysage à la fois rude et magnifique de la Bosnie-Herzégovine rurale, At the Door of the House Who Will Come Knocking suit un homme âgé qui vit isolé, et dépeint les routines de sa vie quotidienne.
At the Door of the House Who Will Come Knocking
Bosnie-Herzégovine, 2024
De Maja Novaković
Durée : 1h24
Sortie : –
Note :
ENTREZ SANS FRAPPER
La Bosnienne Maja Novaković a été très remarquée avec son court métrage Then Comes the Evening qui en France est passé par Entrevues Belfort et Premiers Plans d’Angers. Son premier long, poétiquement intitulé At the Door of the House Who Will Come Knocking, se situe dans un coin rural de la Bosnie-Herzégovine, et suit les jours apparemment sans histoire d’un homme âgé. On découvre d’abord un paysage recouvert de neige, et du protagoniste on voit d’abord le reflet dans une eau nette comme un miroir. Il faudra attendre 23 minutes pour assister à l’un des (rares) échanges avec un autre être humain.
Dans cet almanach champêtre au fil des saisons, Maja Novaković accorde une importance particulière au silence, ainsi qu’aux sons de la nature. Le vent, les corbeaux, les pas dans la neige, les chèvres et leurs cloches, tout cela enveloppe de manière expressive le quotidien du personnage principal, un solitaire dont la compagnie humaine semble être la photo d’aïeul•es accrochée au mur.
Le temps s’écoule lentement et la réalisatrice se montre particulièrement inspirée pour en suggérer le passage. En un cut imprévisible, conservant le même cadre, Novaković passe de manière saisissante de l’hiver au printemps. Ses fondus enchaînés sont prodigieux – la neige se transforme en cours d’eau, un tas de cailloux en un banc de poissons, mais on pense surtout à l’un des plus beaux plans de l’année : tout doucement, le ventre d’un chat pendant sa sieste se transforme en mer blanche d’arbres enneigés.
Ces continuités et contrastes forts viennent souligner les cycles qui accompagnent la vie du vieil homme, et la vie tout court. Maja Novaković n’en fait pas une carte postale pour autant : elle décrit un quotidien laborieux, tandis que les peines ne peuvent être partagées qu’avec un cheval ou la montagne aux alentours. Beau, fragile et précieux, At the Door of the House Who Will Come Knocking semble se dérouler à l’abri du regard du monde : c’est tout son monde à lui que Novakovic donne à voir, mais c’est aussi un tout petit recoin invisible dans lequel elle nous invite.
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par Nicolas Bardot