Critique : Adam change lentement

Adam, 15 ans, a une particularité extraordinaire : son corps se modifie en fonction des moqueries et des commentaires de son entourage. Pas idéal pour un ado complexé. Alors que les grandes vacances commencent, Adam doit en plus se coltiner deux jobs d’été : garder une maison avec un chat-tronc et s’occuper du gazon de son voisin amoureux de sa tondeuse. Décidément, la vie ne fait pas de cadeau à Adam…

Titre
Canada, 2023
De Joël Vaudreuil

Durée : 1h36

Sortie : 29/05/2024

Note :

L’AGE INGRAT

Si Adam change, c’est avant tout parce qu’il en a l’âge. C’est l’adolescence, les corps grandissent et les personnalités évoluent aussi. Si ses camarades de classe vivent leur épanouissement en bande, Adam peine à s’adapter à leurs discussions et trouver sa place parmi eux. Timide et gauche, il éprouve également de la difficulté à naviguer dans un quotidien fait de relations familiales tordues, d’improbables histoires de voisinage et un premier boulot absurde. Adam veut bien changer pour se fondre dans la masse, mais où se situe la ligne d’arrivée ?

Adam change mais ce n’est pas qu’une vue de l’esprit. Victime d’on ne sait quel étrange sortilège, son corps se modifie en fonction des remarques ou insultes qu’il reçoit. La laideur des propos devient sa propre laideur physique, et sa difformité devient progressivement de plus en plus encombrante et malaisante. Or, nul autour de lui ne semble se rendre compte de ce phénomène. Il faut dire qu’à bien y regarder, tous les membres de l’entourage d’Adam possède aussi leur laideur propre. Et si c’était plutôt les autres qui avaient besoin de changer ?

Ce récit d’apprentissage appartient au registre de la comédie nonsensique. L’absurdité du film se niche néanmoins davantage dans des détails (un chat sans pattes) que dans les grandes lignes, et une fois avalée la métaphore centrale, les chemins arpentés par le scenario demeurent relativement convenus. La personnalité d’Adam change lentement se trouve surtout ailleurs : dans son style d’animation étonnant. Avec un trait de caricaturiste cool, le québécois Joel Vaudreuil ouvre la porte au grotesque, c’est à dire une sorte d’exagération qui intrigue autant qu’elle crée le malaise. Utiliser des visuels qui ne cherchent à être ni particulièrement jolis ni sympathiques est un pari gonflé, mais qui fait  pleinement sens pour évoquer l’étrange claustrophobie biscornue de l’âge ingrat.

| Suivez Le Polyester sur Twitter, Facebook et Instagram ! |

par Gregory Coutaut

Partagez cet article