
Après la mort tragique de Nat, victime de pollution à la poussière, March sombre dans le deuil. Mais son quotidien bascule lorsqu’il découvre que l’esprit de sa femme s’est réincarné dans un aspirateur. Bien qu’absurde, leur lien renaît, plus fort que jamais — mais loin de faire l’unanimité.

A Useful Ghost
Thaïlande, 2025
De Ratchapoom Boonbunchachoke
Durée : 2h10
Sortie : 27/08/2025
Note :
FANTÔMES DE L’AMOUR
Tout premier long métrage thaïlandais sélectionné à la Semaine de la critique, A Useful Ghost s’est imposé en beauté en remportant directement le Grand Prix de cette édition 2025. Que ce cache t-il derrière ce titre intrigant et cette promesse d’un fantôme « utile » ? Un spectre se doit-il d’avoir une utilité, de servir à quelque chose de précis comme un appareil électroménager ? Des fantômes asiatiques, et plus précisément encore des fantômes thaïlandais, l’histoire du cinéma nous en a fait rencontrer des menaçants, des émouvants, des poétiques ou des métaphoriques, mais des utiles ? Les spectres imaginés par cinéaste Ratchapoom Boonbunchachoke ne ressemble en effet à aucun autre : ce n’est pas dans la jungle où dans un temple qu’ils faut les chercher, mais plutôt dans une usine ou un placard à balais.
Le sens du décalage traverse tout A Useful Ghost, comédie mélancolique où la malice, la sensualité et la philosophie cohabitent dans un curieux mélange. Le film ne perd d’ailleurs pas de temps et ses toutes premières scènes offrent déjà un très sympathique pas de côté : un protagoniste se qualifiant lui même de « ladyboy intello » reçoit la visite d’un réparateur d’aspirateur hyper sexy, dans ce qui ressemble au début d’un porno gay. Ce dernier va alors raconter l’histoire principale du film: celui d’un veuf recevant la visite de sa femme décédée d’avoir avalée trop de poussière et réincarnée en aspirateur. Un tel point de départ pourrait donner lieu à un déluge surréaliste, mais A Useful Ghost ne ressemble pas vraiment à Rubber de Dupieux.
Si l’on croise bel et bien plus d’un détail absurde (un moine traite l’aspirateur/fantôme de salope), le rythme généralement placide et introspectif n’est pas du tout celui d’une pure comédie. Même dans ses moments fous, A Useful Ghost fait preuve d’une retenue bien lente mais élégante, qui le destine peut-être davantage à un public de salles art et essai qu’à des amateurs de Z asiatique. Cette délicatesse inattendue est soulignée par le soin apporté à l’image. De par sa composition et ses couleurs, chaque plan est un chatoyant petit plaisir pour les yeux.
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par Gregory Coutaut