Festival CPH:DOX | Critique : A Song Called Hate

Le parcours singulier du groupe islandais et pro-palestinien Hatari, en route pour l’Eurovision 2019 qui se déroule en Israël.

A Song Called Hate
Islande, 2020
De Anna Hildur Hildibrandsdottir

Durée : 1h31

Sortie : 

Note :

AMOUR HAINE

Si la candidature du groupe islandais d’électro-industriel Hatari au concours de l’Eurovision 2019 a pu sembler hors-normes, ce n’est pas seulement pour la raison la plus évidente. Le style d’Hatari détonne par rapport à la plupart des candidats, mais c’est surtout leur engagement politique décrit par ce documentaire qui fait de leur périple à l’Eurovision un parcours très singulier. Hatari est un groupe anti-capitaliste, qui entend soutenir la cause palestinienne tandis que le concours est organisé à Tel Aviv. Impossible pour eux de rester silencieux alors que l’Eurovision a lieu en Israël.

Où commence le geste politique ? Tout semble bel et bien politique en Israël, même si l’organisation du concours prétend avec complaisance que la politique n’a pas sa place dans un show spectaculaire et bon enfant. A Song Called Hate décrit le sac de nœuds et les contradictions du groupe, et sa manière d’avancer malgré tout. Oui, être anticapitaliste dans un système capitaliste n’est pas chose aisée, trouver sans être disqualifié du concours un moyen de soutenir la Palestine en Israël non plus.

Les membres d’Hatari rencontrent des artistes, israéliens ou palestiniens, comme le réalisateur Nadav Lapid (qui, malicieux, leur confie : « c’est très bien d’énerver tout le monde ») ou le chanteur queer Bashar Murad. A Song Called Hate, dans les coulisses de l’Eurovision, dépeint la pression terrible qui s’exerce sur des jeunes gens souhaitant être fidèles à leur engagement politique. Il est beaucoup question d’incertitude dans ce documentaire, mais aussi de responsabilité. La première ministre islandaise, Katrín Jakobsdóttir, offre peut-être la perspective la plus intéressante : il n’est pas tant question en premier lieu de la responsabilité d’artistes comme Hatari, mais de la responsabilité d’une société – et de ce qu’elle permet (ou non) à ses artistes.

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par Nicolas Bardot

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