Critique : A l’abordage

Paris, un soir au mois d’août. Un garçon rencontre une fille. Ils ont le même âge, mais n’appartiennent pas au même monde. Félix travaille, Alma part en vacances le lendemain. Qu’à cela ne tienne. Félix décide de rejoindre Alma à l’autre bout de la France. Par surprise. Il embarque son ami Chérif, parce qu’à deux c’est plus drôle. Et comme ils n’ont pas de voiture, ils font le voyage avec Edouard. Evidemment, rien ne se passe comme prévu. Peut-il en être autrement quand on prend ses rêves pour la réalité ?

A l’abordage
France, 2020
De Guillaume Brac

Durée : 1h36

Sortie : 21/07/2021

Note :

CHRONIQUE D’UN ÉTÉ

Les films de Guillaume Brac sont peuplés de losers gentils (Un monde sans femmes) ou plus menaçants (Tonnerre). Encore une fois, aucun des garçons de A l’abordage ne correspond vraiment au profil-type du gagnant – mais peut-être s’agit-il avant tout de garçons comme les autres. Brac sait créer cette proximité, son réalisme ne semble jamais fabriqué et l’empathie pour ses personnages naïfs et/ou maladroits est assez immédiate.

Cette qualité d’écriture (et, par prolongement, la qualité d’interprétation) permettent à un film comme A l’abordage d’être politique sans jamais vraiment être un vrai film social aux thématiques politiques voyantes. Les rapports de classe, pourtant, sont finement dessinés entre différents protagonistes de différents milieux, rassemblés dans la parenthèse enchantée de vacances estivales.

Dans ce décor assez identifié fait de parasols Miko, de toboggans géants dans la piscine et de karaoké où l’on chante faux de la variétoche, Brac se distingue néanmoins – et c’est suffisamment rare dans le cinéma français pour le noter – en mettant en scène des personnages racisés qui sortent des carcans dénoncés justement par Aïssa Maïga lors de la dernière cérémonie des César. Le fait que les héros incarnés par Éric Nantchouang et Salif Cissé soient racisés n’est pas le sujet premier du film, mais leur présence au premier plan de cette chronique estivale est politique.

« Faut foncer », affirme une dame plutôt âgée et expérimentée à l’un des jeunes héros. « Faut foncer », même s’il y a toujours un risque. Il y a quelque chose de rafraichissant dans ce conseil, a fortiori dans une histoire où il n’est question que de mini-risques. Mais chez Guillaume Brac, les hésitations sentimentales sont filmées comme si celles-ci nécessitaient de faire le grand saut, « à l’abordage ». Ces aventures de poche sont très attachantes.

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par Nicolas Bardot

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