TIFF 2019 | Critique : Irina

Irina est serveuse à temps partiel dans une petite ville bulgare. Le jour-même où elle est virée, son mari est très gravement accidenté. La famille d’Irina est piégée dans la pauvreté. Pour tenter de faire face, elle devient mère porteuse…

Irina
Bulgarie, 2018
De Nadejda Koseva

Durée : 1h36

Sortie : –

Note :

JUSQU’EN ENFER

On sait, en ayant vu par exemple Godless, le récent Léopard d’or à Locarno de Ralitza Petrova, que le cinéma bulgare n’a pas peur. Nadejda Koseva, pour son premier long métrage, n’a pas peur non plus. Le premier tiers de son film, Irina, bat probablement le record du monde de noirceur dans l’enchainement d’événements tragiques. La vie d’Irina, serveuse en enfer, semble sans espoir, et Koseva pousse le bouchon jusqu’à une certaine abstraction over the top – et que l’on ne vous dévoilera pas. L’hésitation tragique étant que ce qu’on prend pour une exagération tient peut-être simplement de la peinture réelle d’une réalité à la violence monstre.

« Qu’est-ce que tu veux alors ? Ne pas être en vie, c’est ça que je veux ». Où le film peut-il aller sans se rouler dans le poverty porn ? Irina ouvre des perspectives pour son héroïne, même s’il ne s’agit que d’une minuscule porte pourrie et entrebâillée. Les questionnements moraux sont ambigus mais l’urgence que Koseva décrit est celle d’un temps où l’on n’a plus le luxe de se poser des questions. « Suis-je un monstre ? » se demande t-on, avant d’avancer bille en tête. La réalisatrice donne de l’aspérité à son héroïne, ce qui est l’une des clefs de la réussite de son film. Et dans cette nuit noire, il y a aussi de l’empathie, sans que celle-ci ne soit dupe de l’abîme économique dans lequel toute une société s’enfonce.

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par Nicolas Bardot

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