Critique : #Female Pleasure

Cinq héroïnes, cinq pays, même combat : s’affranchir des préjugés, combattre les violences faites aux femmes, conquérir le droit à disposer de son propre corps. Brisons le silence, soyons invincibles, revendiquons #Female Pleasure !

#Female Pleasure
Suisse, 2018
De Barbara Miller

Durée : 1h41

Sortie : 01/05/2019

Note :

LIBERTÉ, ÉGALITÉ, SORORITÉ

« Je voulais savoir quelles structures universelles se cachent derrière le fait que les femmes, même aujourd’hui, ne peuvent pas célébrer librement leur corps et leur sexualité. Et si elles le font, dans la plupart des régions du monde, elles sont méprisées, excommuniées ou même menacées ». Voici le point de départ de #Female Pleasure, documentaire réalisé par la Suissesse Barbara Miller. Le film débute par des images illustrant l’obsession de la sexualité féminine dans l’imaginaire publicitaire. Puis il prend du recul et agrandit l’image à l’échelle de la planète entière qui semble très concernée par les vulves – et plus précisément par leur contrôle. L’enquête de Miller est ambitieuse par son ampleur : ses interlocutrices viennent d’Allemagne, de New York, du Japon, de Somalie ou d’Inde. Toutes ont ou ont eu en commun une sexualité contrôlée par les hommes et soumises à leur bon vouloir.

C’est la puissance universelle de #Female Pleasure. Il n’est pas question d’une culture en particulier ; quel que soit le coin du monde, le poids religieux sur les femmes est universel, le poids du patriarcat est universel, les règles machistes le sont aussi. A partir de ces expériences si différentes et pourtant si proches, la cinéaste raconte le conditionnement des femmes et des hommes, la violence et l’absurdité. La violence de l’excision tandis qu’on entend la voix forte d’une des victimes de cette barbarie. L’absurdité de la situation d’une artiste japonaise iconoclaste, trainée devant les tribunaux pour des sculptures de vulve tandis que des phallus géants sont trimballés lors de fêtes officielles et que les gaines à teub sont en joyeuse vente libre.

« Boys will be boys », explique t-on avec ironie et détachement. Les mots ont pourtant bien un sens ici – et le pouvoir masculin sait comment utiliser les mots pour justifier le viol comme la pédophilie. #Female Pleasure aurait mérité une mise en scène moins sage pour un sujet aussi fort, mais cette forme accessible renforce la dimension pédagogique du long métrage. Le résultat, édifiant, mériterait d’être montré dans toutes les écoles.

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par Nicolas Bardot

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