Festival CPH:Dox 2019 | Critique : The Revenge of the Diva

À l’apogée de sa gloire, Siv Wennberg, alias Siv, chanteuse d’opéra de renommée internationale, a subitement disparu de la scène. 30 ans plus tard, elle est de retour, en quête de vengeance…

The Revenge of the Diva
Suède, 2019
De Gustav Ahlgren & Emelie Jönsson

Durée : 1h17

Sortie : –

Note :

RIS DONC DE TA DOULEUR, PRIMA DONNA

Whatever happened to Siv Wennberg ? La chanteuse d’opéra suédoise a connu son heure de gloire dans les années 70 avant de tomber en disgrâce. Elle aura chanté dans le monde entier, mais la voici désormais au bout du rouleau, dans son appart au rez-de-chaussée d’un immeuble suédois. Et ce foyer ressemble à un musée : les murs sont couverts de photos et affiches de sa gloire passée, tandis que Siv Wennberg regarde en boucle ses archives jusqu’à s’endormir devant.

Siv Wennberg est le sujet hors normes de ce documentaire co-signé par Gustav Ahlgren et Emelie Jönsson. Siv est un incroyable personnage bigger than life qui pourrait être une géniale héroïne de fiction. Unapologetic jusqu’au plus profond de son âme, Siv Wennberg est du genre à sortir des saloperies dans la plus grande décontraction tout en s’empiffrant. On ne sait plus trop à quel point la diva joue avec la caméra mais si c’est un jeu, il est du niveau d’une extraordinaire Andy Kaufman.

The Revenge of the Diva n’est pourtant pas tendre avec elle. Malmenée par l’image, Siv Wennberg semble l’être également par la vie. Mais elle s’en fout : « là on dirait que je pleure mais je suis très en colère« . Il y a ici à l’œuvre une dimension bouffonne et pathétique à la Ulrich Seidl, d’une brutale honnêteté. Ce théâtre cruel côtoie la folie mais il y a aussi un attachement tout humain à cette force de vie, à cette éternelle marginale qui semble décalée pour toujours. Ses souvenirs sont si anciens qu’ils ne semblent péniblement exister qu’en VHS et en K7 audio, et lorsque celle-ci veut se raccrocher au wagon de la modernité, elle pense d’abord à un objet du passé : le CD.

Le dernier acte de The Revenge of the Diva est malheureusement un peu précipité. Siv Wennberg prépare son retour sur scène et sa voix, qui a besoin d’entrainement, pourrait après quelques dérapages rappeler le désastre scénique d’une Florence Foster Jenkins. L’artiste n’en est certes pas là mais The Revenge of the Diva bascule du tout au tout de manière un peu forcée. Il reste néanmoins ici une comédie assez irrésistible, à l’héroïne inoubliable.

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par Nicolas Bardot

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