Critique : Alice T.

Alice est une adolescente qui entretient une relation compliquée avec sa mère adoptive Bogdana. Un jour, lors d’une discussion houleuse, Alice lui avoue qu’elle est enceinte et qu’elle souhaite garder l’enfant. Cet aveu affecte Bogdana qui a longtemps essayé d’avoir un enfant…

Alice T.
Roumanie, 2018
De Radu Muntean

Durée : 1h49

Sortie : 01/05/2019

Note :

UNE AFFAIRE DE FAMILLE

Le prix d’interprétation féminine du dernier Festival de Locarno a été décerné à Andra Guti, la jeune interprète principale de Alice T.. L’actrice inonde en effet l’écran de son charisme dans ce nouveau long métrage du Roumain Radu Muntean, remarqué chez nous avec des films tels que Mardi après Noël ou L’Étage du dessous. Avec sa tignasse rouge, Alice fait l’effet d’une boule de feu dans son appartement de Bucarest où elle rend sa mère folle. Les discussions tendues sont continuellement interrompues par de petites sonneries de portables passives-agressives et la famille semble sur le point d’imploser : « putain de vie de merde », s’exclame maman au bout du rouleau.

On reconnaît le style de Radu Muntean, même si sa mise en scène se veut invisible. Ces cadres larges et lumineux, plaisants sans être tape à l’œil. Ces longues prises qui se concentrent sur les comédiens, les mettent en valeur et qui ne saisissent pas l’émotion par un champ-contrechamp. Outre la révélation Andra Guti, Alice T. est interprété par de nombreux visages connus du cinéma roumain, parmi lesquels le toujours excellent Bogdan Dumitrache (formidable l’an passé dans Pororoca, pas un jour ne passe).

Alice est une gamine incontrôlable et semble imposer sa future maternité comme une punition et une affirmation. Le film va pourtant prendre un chemin assez inattendu – et même ambigu – pour parler de réconciliation familiale. Il y a ici une bienveillance dans le drame, et Muntean ne se pose jamais en moralisateur – ironiquement, il s’offre dans le film le rôle du personnage le plus à l’ouest. Avant tout, Alice T. est un film où l’on n’arrête pas de parler – bravache comme Alice, soucieuse comme sa mère – mais qui avec complexité évoque essentiellement l’incapacité à communiquer.

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par Nicolas Bardot

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