Critique : Little Zombies

Leurs parents sont morts. Ils devraient être tristes, pourtant ils ne pleurent pas. A la place, Hikari, Ikuko, Ishi and Takemura montent un groupe de rock explosif ! Ces quatre adolescents que le chagrin n’accable pas, vont trouver ensemble une nouvelle voie, celle de la musique.

Little Zombies
Japon, 2019
De Makoto Nagahisa

Durée : 2h00

Sortie : dès le 23/06/2021 sur OCS.

Note : 

NIQUE TA MORT

« La vraie vie ? Autant être mort ! » : cette réplique entendue dans We Are Little Zombies pourrait être la devise des quatre jeunes héros de ce premier long métrage, un arc-en-ciel nihiliste signé par le Japonais Makoto Nagahisa. Venu de la publicité, Nagahisa déchaîne ici un chaotique et exaltant déluge d’idées – non-stop, tout le temps, sans répit jusqu’à la dernière seconde de générique. We Are Little Zombies tintinnabule comme la musique de jeu d’une vieille console 8-bit. Cela tombe bien car la vie pour ces quatre gamins orphelins ressemble davantage à un jeu vidéo (on joue, on meurt, et ce n’est pas si grave) qu’à la vie sérieuse telle que les adultes la conçoivent.

« Le monde extérieur ne nous concerne plus ». Hikari, Ikuko, Ishi et Takemura ont perdu leurs parents et n’en sont pas spécialement bouleversés. Ils rêvent de guerre nucléaire, s’apprêtent à monter un groupe de rock et vont beugler (faux) tout ce qu’ils ont. Les Shaggs (et leur art brut aux portes du punk) rencontrent Kafka (et ses récits d’aliénation absurde) dans ce cocktail survitaminé qui n’a pas peur de l’overdose. La caméra est partout (caméra parmi les carpes, caméra dans le jus d’orange) et la mise en scène semble dictée par un tourbillon farceur et dada. Il y a chez Makoto Nagahisa une générosité euphorisante qui fait corps avec la folie fêlée de son sujet. Le réalisateur est admirateur à la fois de Alejandro Jodorowsky et Michel Gondry – une parenté qui semble cohérente avec son cinéma bricolé et surréaliste.

La mort est juste une blague dans We Are Little Zombies. Les clochards semblent échappés d’une séquence de The Wiz ou de Fraggle Rock. Mais derrière la bombe à eau, il y a un film qui parle de l’anxiété et de l’absence d’illusions d’une jeunesse qui ne croit déjà plus à rien – « je hais le futur ! ». Ce qui est proclamé dans le titre du long métrage s’applique à tous dans une société peuplée de zombies. Le film est trop long, il y a peut-être trop de tout, mais le principe joyeux de We Are Little Zombies est précisément de faire exploser la marmite. En une gerbe de couleurs fluo, en un ouragan de fantaisies improbables (comme cette peluche-chenille-cyclope qui vaut à elle seule le visionnage du film). « On se fiche de la récompense » déclarent fièrement les jeunes héros du film. Mais pour nous, à peu près chaque seconde de We Are Little Zombies en est une.

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par Nicolas Bardot

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