
Afin d’obtenir un document d’état civil pour ses études supérieures, Marina, adoptée depuis l’enfance, doit renouer avec une partie de sa véritable famille. Guidée par le journal intime de sa mère qui ne l’a jamais quittée, elle se rend sur la côte atlantique et rencontre tout un pan de sa famille paternelle qu’elle ne connait pas. L’arrivée de Marina va faire ressurgir le passé. En ravivant le souvenir de ses parents, elle va découvrir les secrets de cette famille, les non-dits et les hontes…

Romería
Espagne, 2025
De Carla Simón
Durée : 1h55
Sortie : prochainement
Note :
PORT D’ATTACHE
Marina vient de quitter le domicile parental barcelonais pour se rendre à l’autre bout du Pays, à Vigo. Ce n’est pourtant pas une envie de vacances qui l’attire dans cette ville au bord de l’eau. Désormais majeure, elle peut enfin avoir accès à l’identité de ses parents biologiques, tous deux décédés avant son adoption. La belle baie de Vigo, où réside cette famille qu’elle s’apprête à découvrir, est remplie d’embarcations qui tanguent au soleil, mais Marina a les pieds sur terre. Son visage secret et fier à la fois ne traduit ni déracinement ni naïveté. Elle n’a tout simplement pas peur de ce qui l’attend, ni les amers secrets familiaux ni la sévérité guindée de sa nouvelle abuela qui ne trouve rien de mieux à dire en l’accueillant que « Tu en a mis du temps pour venir nous voir ».
Heureusement, tout le monde dans cette ancienne/nouvelle famille n’est pas aussi grinçant. Si les tantes n’ont que l’argent à la bouche, les hommes de la famille ont l’air plus détendus, qu’il s’agisse des cousins ados ou d’un oncle à moitié renié. Mais les vraies brebis galeuses restent les parents de Marina. Méprisés même dans leur mort, les détails de leur existence sont cachés à coups d’euphémismes (on prévient les enfants de ne pas toucher Marina si elle saigne) et d’approximation. La contradiction entre les informations que Marina recueille parcimonieusement entre deux portes pourrait presque prêter à rire, mais Carla Simòn est une scénariste trop fine pour se contenter d’enfermer son récit dans un ton unique.
Avec des métaphores finement dosées et quelques éclats poétiques, Romerìa vient confirmer avec succès le talent dont la cinéaste espagnole faisait déjà preuve dans ses précédents films, Été 93 et Nos soleils, et fait même preuve d’une ambition narrative qui grandit au fil du récit. Simón trouve un équilibre élégant et harmonieux entre chronique douce amère et questionnements philosophiques (chaque chapitre s’ouvre par un sujet de dissertation). Tout à l’écran a l’air d’un réalisme simple et pourtant Romería aborde la question de la transmission avec une richesse qui touche en plein cœur.
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par Gregory Coutaut