Yuma est une jeune femme japonaise atteinte de paralysie. Partagée entre ses obligations envers sa famille et son rêve de devenir mangaka, elle cherche à mener une vie autonome.
37 Seconds
Japon, 2019
De Hikari
Durée : 1h55
Sortie : –
Note :
CORPS A COEUR
C’est sur un trompe-l’oeil que débute 37 Seconds de la Japonaise Hikari : un plan sur la tour de Tokyo et la ville immense à ses pieds qui ressemble… à une charmante maquette. C’est un peu l’illusion inverse qui se produit avec ce premier long métrage ovationné à la Berlinale : derrière ses apparences de miniature se cache une ambition aussi grande que sa générosité.
L’héroïne de 37 Seconds est une jeune femme de 23 ans physiquement handicapé, et qui se déplace dans un fauteuil roulant. Hikari nous invite dans son intimité – au sens le plus direct avec cette jeune femme nue, prenant son bain. Il est effectivement question de mise à nu – de manière peut-être plus métaphorique cette fois – dans ce long métrage qui vise à briser des tabous (sur la sexualité en situation de handicap, par exemple). Ce qui surprend et charme dans 37 Seconds, c’est le ton pour en parler – sa douceur et sa bienveillance, sans overdose de sucre, sont un trésor.
De Yuma, on ne perçoit qu’un timide filet de voix. La jeune femme va pourtant remuer des montagnes dans ce récit intime d’une odyssée bigger than life. Yuma est une Japonaise comme les autres, elle rêve d’amour, fait des purikura avec son amie. Hikari dirige sa caméra vers une société hyper-normalisée (et il n’est pas question que de Japon) qui fait mine d’accepter les personnes en situation de handicap tout en les invisibilisant. La réalisatrice trouve un équilibre délicat d’humanité profonde et de candeur touchante – un succès qu’elle doit également à son actrice, Mei Kayama.
Hikari est également douée pour saisir le sentiment d’exaltation : l’exaltation de l’imaginaire lors de séquences animées, et surtout l’exaltation particulière de la nuit tokyoïte retranscrite avec talent et sens du détail. Le film, probablement trop long, aurait peut-être gagner à plus d’épure narrative. Mais il y a ici un charme fou et un coeur gros comme ça.
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par Nicolas Bardot