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La réalisatrice Yihwen Chen raconte le parcours du groupe punk Shh…Diam!. Cette famille choisie répand le courage avec esprit, humour et un charme irrésistible. Queer as Punk invite le public à entrer dans la vie des membres du groupe, Faris, Yon et Yoyo, capturant des conversations franches avec eau second plan le paysage politique changeant de la Malaisie.
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Queer as Punk
Malaisie, 2025
De Yihwen Chen
Durée : 1h28
Sortie : –
Note :
NO FEAR, BE QUEER
En Malais, le nom du groupe dont Faris est le leader, Shh…Diam!, signifie Chh… La ferme !. Faris et son groupe ont effectivement bien des choses à nous dire derrière leur micro. Cela peut être une chanson qui parle des gens qui prennent leur douche ensemble, une autre où l’on se demande « Où est mon pantalon ? » (la probable réponse malaise à Où est ma ch’mise grise ?), ou encore une chanson inspirée par l’article cringe d’un journal prétendant définir ce qu’est une femme lesbienne – seule, si seule. Ces textes peuvent paraître à première vue un peu idiots mais ils font partie de l’arsenal punk – et aussi irrévérencieux qu’humoristique – de Faris et de Shh…Diam!.
Ça a l’air potache ? C’est pourtant un authentique et courageux acte de rébellion. Faris est un homme trans dans un pays, la Malaisie, où les droits des minorités LGBT sont quasi-inexistants. L’Islam est contrôlé par l’État, au service d’une idéologie extrémiste. Dans la rue, le film montre un imbécile, facho et homophobe (pléonasme), qui s’attaque à un groupe sans savoir qu’il ne s’agit même pas d’une association LGBT. Voilà le monde dans lequel Faris et ses camarades vivent – le monde dans lequel il et elles chantent, dansent et rient. La Malaisienne Yihwen Chen signe en effet un documentaire très vivant, qui suit les gigs du groupe, dans des caves en Malaisie ou bien des festivals en plein air en Thaïlande. Le film réaffirme la dimension politique de l’identité queer – ainsi que sa joie profonde comme arme contre le monde.
Mais les arcs-en-ciel ne peuvent pas tout. Pendant que Faris chante, des lesbiennes se font fouetter, et des opinions abjectes sont transformées en lois. Tourné sur plusieurs années, Queer as Punk parvient également à saisir comment la répression use les individus – et l’on mesure tout ce que les minorités ne font pas, sont empêchées de faire, pendant qu’elles sont occupées à se battre pour leurs droits les plus basiques. « Tout est mieux qu’ici », commente t-on, désabusé. Ces années permettent également de raconter le voyage total dans la transition de Faris : chaque voyage est différent, mais voici le sien. Queer as Punk en fait le portrait galvanisant et sans misérabilisme, avec en son cœur un protagoniste qui continue à avancer malgré des haies toujours plus hautes.
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par Nicolas Bardot