Berlinale | Critique : Punching the World

Au début des années 2000, deux frères, Philipp, douze ans, et Tobias, neuf ans, grandissent en Allemagne de l’Est. Leur famille construit une maison. Lorsque Uwe, un homme qui aide sur le chantier, meurt, la famille commence à se désintégrer.

Punching the World
Allemagne, 2025
De Constanze Klaue

Durée : 1h50

Sortie : –

Note :

TU N’AS PAS OÙ ALLER

En quelle année se déroule l’action de Punching the World ? Il semble assez absurde de poser la question puisque la réponse nous est donnée avant même l’apparition de la première image, lors d’un carton d’introduction annonçant sobrement 2006. Pourtant, l’interrogation persiste légèrement et revient comme un ressac à plusieurs moments du long métrage. Ce n’est pas que ce dernier cultive des anachronismes flagrants, ce n’est pas non plus qu’on ne croit pas à ce qui se passe. Le film a beau s’ouvrir sur une scène de promenade à vélo au bord de l’eau, Punching the World ne fait pas dans la carte postale et ne cherche pas à ressembler à une pub pour Center Parcs. L’action se déroule dans un coin rural de l’Allemagne de l’Est. Nous ne sommes pas au lendemain de la réunification et pourtant celle-ci est encore présente dans chaque conversation, et ses conséquences à l’heure de la mondialisation se font encore sentir au quotidien pour les protagonistes. Nous n’avons pas remonté le temps très loin et pourtant c’est comme si celui-ci s’était en quelque sorte ralenti.

Premier long de la cinéaste Constanze Klaue, Punching the World est l’adaptation d’un roman allemand à succès qui, un peu à la manière de Leurs enfants après eux, croise sur plusieurs années le portrait d’une famille défavorisée et des conséquences que l’Histoire du pays a sur les individus. Le récit a beau privilégier les événements modestes à l’éclat d’une grande fresque, le scénario manque parfois du souffle nécessaire pour retranscrire efficacement la manière dont le temps peut tout avaler, et ressemble plus souvent à une juxtaposition de souvenirs qu’à un ensemble plein de cohésion et de tension, ce qui pousse à se demander si la cinéaste ne s’est pas montrée un peu trop fidèle au matériau littéraire d’origine.

La mise en scène ne déborde pas de personnalité radicale mais, grâce à une caméra mobile et des enchaînements de scènes brèves, la cinéaste fait néanmoins preuve de savoir faire au moment de dépeindre le quotidien d’adolescents oisifs que l’absence d’opportunités et d’horizons pousse vers les mauvaises décisions, vers le racisme et la connerie en général. Ces qualités font de Punching the World un film historique et récit d’apprentissage tout à fait accessible.

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par Gregory Coutaut

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