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Fraîchement sortie d’un hôpital psychiatrique, Pia, 26 ans, retourne chez ses parents dans la banlieue de Vienne, pour découvrir qu’elle n’est pas la seule dont la vie s’est effondrée. Ses parents, Elfie et Klaus, ont également du mal à suivre le rythme d’un monde en constante évolution. Dans sa lutte quotidienne pour survivre à son nouvel emploi chancelant, un chagrin d’amour persistant, ses médicaments et la stigmatisation sociale, Pia trébuche dans une réalité qui semble aussi instable qu’elle-même.
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How to Be Normal and the Oddness of the Other World
Autriche, 2025
De Florian Pochlatko
Durée : 1h42
Sortie : –
Note :
LE MONDE EST FOU, VOYEZ-VOUS
How to be Normal and the Oddness of the Other World, soit en français Comment être normal et la bizarrerie de l’autre monde, voilà un titre qui est déjà tout un programme, évoquant à la fois un cours de science et un mode d’emploi. Pia, 26 ans, aurait-elle justement bien besoin d’un mode d’emploi, vu qu’elle sort tout juste d’un séjour en hôpital psychiatrique ? Ce serait plutôt son entourage qui en aurait l’utilité car, loin de s’apitoyer sur son sort, Pia met crânement les autres au défi de s’adapter à elle, et non l’inverse. Son intransigeance provocante d’ado pourrait faire d’elle un personnage pénible à accompagner mais l’actrice Luisa-Céline Gaffron lui apporte nuances et relief à travers une performance remarquable.
Pia est pour ainsi dire dans tous ses états et c’est une formule que l’on pourrait appliquer au film dans son ensemble. How to Be Normal est en effet un film tout en ruptures : ruptures de ton, ruptures dans la narration, rupture du format et de la nature des images. Tout commence par une excellente scène de comédie mentionnant des larcins commis par Björk et Pink avant de virer au film noir horrifique, en passant par la case des documentaires scientifiques catastrophistes. Qu’est-ce qui, parmi ce qu’on voit à l’écran, appartient à la réalité de Pia, qu’est-ce qui provient du quotidien de sa mère, doubleuse de profession ? Où est la porte de sortie pour Pia qui a l’impression d’être « prisonnière d’une comédie sans fin » alors même qu’elle est pétrie de colère, d’angoisse et d’idées débiles à la fois ?
How to be Normal ne s’inscrit pas dans la tradition cruelle du cinéma d’auteur autrichien. Le réalisateur Florian Pochlatko (dont c’est ici le premier long métrage) privilégie une forme pop et explosive, où la réalité des problèmes psychiatriques s’accommode d’un filtre clown sur Instagram ou d’un tube d’Haddaway. Son appétit généreux est parfois difficile à suivre, et sans doute difficile à doser aussi. La succession d’effets sans respiration aboutit au paradoxe que l’imprévisible y devient en quelque sorte prévisible ? A force de cadeaux surprises, How to Be Normal frôle l’indigestion et finit par agacer un peu. Le résultat est un drôle de cauchemar pas très poli et donc finalement attachant, malgré ce qu’on a envie d’appeler les défauts de son âge.
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par Gregory Coutaut