TIFF 2025 | Critique : La Trilogie d’Oslo : Rêves

Johanne tombe amoureuse pour la première fois de sa vie, de sa professeure. Elle relate ses émotions dans un carnet. Quand sa mère et sa grand-mère lisent ses mots, elles sont d’abord choquées par leur contenu intime mais voient vite le potentiel littéraire. Tandis qu’elles s’interrogent, entre fierté et jalousie, sur l’opportunité de publier le texte, Johanne se démène entre la réalité et le romanesque de son histoire…

La Trilogie d’Oslo : Rêves
Norvège, 2025
De Dag Johan Haugerud

Durée : 1h50

Sortie : 02/07/2025

Note :

MES RÊVES POUR DES RÉALITÉS

La vie de Johanne, 17 ans, est « dans un nuage ». Ça n’a rien de si mignon : cela symbolise avant tout, pour la jeune femme, la dissociation entre son esprit et son corps. Johanne va beaucoup réfléchir sur elle-même pendant les presque deux heures de Rêves, dernier volet de la trilogie que le Norvégien Dag Johan Haugerud a entamée avec Désir (Panorama, Berlinale 2024) et Amour (compétition, Mostra de Venise 2024) et qui a remporté l’Ours d’or à la Berlinale. A noter que ces trois volets peuvent se voir indépendamment.

Johanne est également dans les nuages lorsqu’elle découvre sa nouvelle prof, dont elle tombe amoureuse. Sa voix-off abonde, assomme un peu, mais voilà le parti pris du long métrage : on entendra tout des pensées de Johanne et de ses atermoiements autour de ce premier amour. On en feuillettera chaque page car l’expérience de Johanne va devenir un texte rédigé par la jeune femme, elle-même lectrice avide. « Tout n’est pas vrai dans les livres » dit-on, mais qu’est-ce qui est vrai dans la vie ? Si le long métrage ressemble à un cocon géant rempli de laine, de pulls, de plaids et de lumières cosy, la mise à nu n’est pas toujours confortable pour Johanne.

Pour apporter des respirations à ce récit dense (et parfois à ses banalités, car les premières amours sont parfois banales), Dag Johan Haugerud offre un commentaire méta à travers les appréciations de la mère et de la grand-mère de Johanne, qui ont pris connaissance de son texte. Ce chœur humoristique apporte une perspective rafraîchissante dans ce film très parlé et très auto-concerné. Du monde intérieur bousculé de Johanne aux retours extérieurs, la vie de l’héroïne est-elle un journal intime ou un roman ? Comment y distinguer les nombreuses zones grises ? Avec un recul appréciable, Rêves met en scène une séance de thérapie qui, même pour le psy, semble interminable. C’est qu’il y a des choses à dire, et Rêves, dans son genre, le fait plutôt efficacement.

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par Nicolas Bardot

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